Bi’Causerie – Homoparentalité

Compte rendu de la Bi’Causerie du 10/02/06 – Homoparentalité

 

Le droit à la parentalité pour les homosexuel(LE)s fait partie à juste titre des revendications de l’Inter LGBT (Inter-associative Lesbienne, Gay, Bi et Trans).

La revendication de l’Inter LGBT s’appuie simplement sur la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen d’Août 1789 qui stipule que « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » et sur la loi de Décembre 2004 portant création de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) et qui stipule qu’aucune discrimination en raison de l’orientation sexuelle n’est désormais autorisée.

Malgré l’existence de ces deux textes républicains, 185 parlementaires de l’actuelle majorité, peut-être nostalgiques de régimes anciens, ont signé début 2006, un Manifeste intitulé : « Non à l’homoparentalité ». Ce Manifeste repose sur le droit qu’auraient les enfants à « grandir sur le socle de la relation à deux parents – homme/femme – père/mère » et ose invoquer « le principe de précaution » pour s’opposer à l’homoparentalité.

L’expérience que beaucoup d’entre nous, à Bi’Cause, ont, à la fois, du vécu de leur homosexualité (dans leur bisexualité) et de l’éducation d’enfants, nous permet d’intervenir sur ce sujet. En effet, cette expérience nous enseigne, à nous bisexuel(LE)s, deux faits qui réduisent à néant l’argumentation des auteurs de ce Manifeste.

En premier lieu, ce dont les enfants ont besoin, c’est d’amour et de transparence. Or qui peut mieux faire la démonstration de l’amour qui les unit et de la transparence qui les anime, qu’un couple d’homosexuel(LE)s qui s’est engagé dans un PACS ou revendique le droit au mariage, en dépit de l’opposition constante et redoutable de tels notables homophobes ? Cet amour et cette transparence qui anime des parents homosexuels, ne peut que contribuer à faire grandir leurs enfants dans ce même climat d’amour et de transparence qui est le véritable « socle » sur lequel peut s’édifier un enfant pour devenir un adulte équilibré.

On ne peut en dire autant de nombre de couples hétérosexuels qui s’érigent encore non pas sur l’amour mais sur l’intérêt ou sur l’arrangement entre deux familles, et non pas sur la transparence mais sur la simple conformité à l’usage et aux apparences. C’est bien à ces couples-là que devrait s’appliquer d’abord « le principe de précaution ».

En second lieu, ce dont les enfants ont besoin, c’est à la fois d’accueil et d’indulgence, et de fermeté en vue de les préparer à affronter le monde. Ces deux aspects de la parentalité n’ont rien à voir avec le sexe physiologique des parents sauf à admettre l’absurdité selon laquelle la détentrice d’un vagin ne pourrait faire preuve de fermeté, et le détenteur d’un pénis ne pourrait faire preuve d’accueil et d’indulgence. En effet, nombre de femmes seules ou d’hommes seuls réussissent à faire de leurs enfants des adultes en leur donnant à la fois accueil, indulgence, et fermeté. Il existe même des couples hétérosexuels où c’est l’homme qui fait preuve d’accueil et d’indulgence, et la femme de fermeté, à l’égard de l’enfant, sans que cela nuise en rien à la capacité de l’enfant de devenir un adulte équilibré.

Les capacités dites « maternelles » et les capacités dites « paternelles » sont réparties en chaque homme et en chaque femme, nous le savons bien, nous bisexuel(LE)s qui vivons l’imbrication de notre « féminité » et de notre « virilité » en nous-mêmes à travers notre orientation sexuelle.

Alors, qu’on cesse de diviser pour diviser, et qu’on laisse l’amour, la transparence, comme la capacité d’accueil, d’indulgence et de fermeté que nous portons chacun(E) en nous, faire tranquillement leur œuvre au bénéfice d’enfants que nous aurons librement choisi d’avoir sans que cela ait le moindre rapport avec le libre exercice de notre sexualité.

Michel NEUMANN

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