
Compte rendu de la Bi’Causerie du 28/05/2001 – Sexe et genre
Différence entre les deux notions :
Genre : terme aux multiples définitions (3 colonnes dans le dictionnaire !) ; lié aux sciences naturelles (famille, genre, espèce…), à la grammaire (le genre masculin correspond en principe à des êtres mâles, le féminin à des êtres femelles ; et « le neutre ») et devenu un concept social (séparation des genres ); une expression particulièrement intéressante : « Il a un drôle de genre ! »
Sexe : terme biologique.
Le genre est le sexe social, ce qu’autrui projette sur soi. La notion de genre est historiquement liée au féminisme. Avant le féminisme, il n’y avait aucune définition du féminin, hormis « le féminin est ce qui n’est pas masculin. »
Simone de Beauvoir a écrit: « On ne naît pas femme, on le devient. »
Il existe tout une série de facteurs éducationnels dans la façon dont on se construit son genre. Ce qui peut influencer dès l’enfance:
- le prénom (ambiguïté de certains prénoms comme Dominique, Raoul-Marie, Camille, etc.)
- les jouets (un baigneur offert à un petit garçon ?)
- les parents :
- absence du père ou absence de virilité du père ou mère masculine (mais bien sûr ce n’est pas une règle absolue)
- complexe d’œdipe inversé, dans le sens ou l’affection amoureuse est tournée vers le parent de même sexe que soi
- discours des adultes sur le thème : un garçon doit être comme ci (violent, fort, il ne pleure pas), une fille comme ça (émotive, douce, soumise…) avec parfois pour conséquence le refus de ces stéréotypes
- désir d’enfant de la part des parents, avec parfois la volonté très précise d’avoir un enfant de tel sexe, avec parfois pour conséquence l’éducation socialement féminine d’un petit garçon parce que c’était une fille qui était désirée (et vice-versa).
Les stéréotypes ont la vie dure. Un petit tour d’horizon parmi les participants a permis d’en répertorier une bonne partie:
A la femmes sont associés les mots :
Maison, ménage, maquillage, coiffure, mariage, enfants, intérieur, couleurs claires, littéraire, expression des sentiments, passivité, nombreuses zones érogènes…
A l’homme sont associés:
Guerre, sport, armes, voiture, protection, galanterie, couleurs sombres, extérieur, scientifique, réserve par rapport aux sentiments, activité, très peu de zones érogènes…
Remarque : en Occident, qui dit catégorisation dit hiérarchisation (ex : valorisation de l’activité, dite masculine, au détriment de la passivité, dite féminine). En Orient (cf le Yin et le Yang qui sont à égalité et s’interpénètrent), il n’y a pas de hiérarchisation : le Yin, plutôt féminin, n’est pas associé à la passivité mais à l’énergie en réserve, et le Yang, plutôt masculin, est associé à l’énergie utilisée : par définition l’un ne peut se passer de l’autre et réciproquement, il n’y a pas de relation de supériorité.
Le langage est très révélateur de la notion de genre dans une société : en français, le soleil est masculin, la lune est féminine, avec toute la symbolique que cela induit : la lune ne brille que grâce au soleil dont elle réfléchit la lumière ! Elle évoque la magie et la dangerosité nocturnes.
« Calculateur » est le terme utilisé par les économistes, « calculatrice » désigne le même objet pour les scientifiques. Dans un cas on a affaire à un instrument crucial, fournisseur de données numériques indispensables, dans l’autre cas on considère ledit instrument comme un outil de travail, subordonné au travail et à l’utilisateur, donc féminin.
Un mot remarquable: « amour », masculin au singulier, féminin au pluriel.
On continue à incriminer plus ou moins consciemment les femmes qui mettent au monde des filles.
Mais les mères elles-mêmes transmettent les stéréotypes évoqués plus haut, une mère parlera facilement et fièrement des attributs sexuels de son garçon, en sa présence, il sera plus ou moins admis que le fils ait des activités sexuelles, on lui reconnaîtra le droit à un dynamisme débordant et à l’autonomie d’une façon générale, toutes choses qui seront tabous ou censurées très tôt chez la petite fille.
Une symbolique révélatrice : les notions de « propre et bien rangé »
– pour une fille ces notions sont encouragées dans le sens de la prévention (faire le ménage régulièrement, avant que ce soit sale et désordonné)
– pour un garçon on admettra une notion plus curative (attendre que ce soit sale ou désordonné pour agir)
Un nouveau petit tour d’horizon a été effectué parmi les participants, en deux groupes non mixtes pour voir ce que les hommes d’un côté et les femmes de l’autre attendaient d’un homme ou d’une femme.
Il est très difficile de faire la synthèse de cette mini-enquête aui a donné des résultats très variés, mais il apparaît tout de même que les stéréotypes ressortent plus ou moins, mais d’une façon inversée ou « corrigée » : certains et certaines recherchent la femme dans la femme, l’homme dans l’homme, pour d’autres ce n’est pas si simple, mais souvent il y a un grand besoin d’être reconnu(e) dans sa bisexualité ou la recherche d’hommes qui admettent d’avoir de nombreux zones érogènes ou celle de femmes aux idées affirmées, ou pour certains encore, recherche d’êtres indéterminés, ambigus ou même franchement travestis.
On a aussi évoqué la misogynie de certaines femmes « mono » à l’égard des femmes qui ne sont pas comme elles.
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