Chronique d’une biphobie masquée

Elle le savait pourtant que j’étais bisexuelle, elle le savait pourtant qu’il était dans ma vie et que le fait qu’il soit dans la vie ne m’empêchait pas de l’aimer aussi. Oh, ça elle comprenait j’étais une curiosité, un sujet de questionnement. Elle n’était pas complètement lesbienne me dit-elle. Ouverte d’esprit elle était prête à toutes les pistes, à aller sur les chemins à trouver ensemble. Alors du coup, je ne me suis pas méfiée, et puis bizarrement lorsque j’étais avec lui silence, sorte de représailles sans se dire représailles.

Moi, je ne me censurais pas, elle ouvrait les portes, elle me désirait, elle avait envie de passer du temps avec moi. En fait j’étais un sujet de convoitise, celle qui est différente que l’on veut conquérir. Et puis il a été simple de m’attirer, il a été simple de passer des nuits avec moi, et moi j’ai fondu, fondu comme une débutante. J’avais envie d’y croire et ma croyance et ma confiance m’aveuglaient.

Une fois mordue à l’hameçon, là, elle me voulu à elle, il parait que c’est de l’amour il parait, plus elle m’aimait plus elle voulait m’enfermer. Mon attachement naissant elle ferré la prise et changé radicalement d’attitude. Alors la torture a commencé, j’ai payé cher l’addition des amours, je revendique juste d’aimer, d’aimer librement, entièrement passionnément.

Alors, le yoyo avec mon cœur, la possessivité, la volonté d’une OPA sur ma vie, la volonté de prendre possession de moi en me dépossédant de mon identité profonde, ce besoin d’aimer un homme et une femme pour trouver cet équilibre.

Alors, j’aurai voulu être comme eux, hétéro ou homo, leur vie me paraissaient plus simple, alors j’ai maudit cette façon d’être qui me torturait à nouveau, j’ai maudit de ne pouvoir être une autre. J’ai pleuré et j’ai pleuré encore, puis je n’avais plus de larmes, alors je n’ai plus pleuré et j’ai décidé de résister. Je me suis souvenue des mots de mon ami, « mon capitaine » :

– Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as, tu as un spectre sensible plus large, ton regard est vous vaste, tu ressens des choses que peu ressentent, ta bisexualité est une chance Valérie.

Alors voilà, je me suis envolée, j’ai sauvé ma peau de femme bisexuelle, j’ai refusé de me soumettre, j’ai refusé d’être niée dans ma sensibilité plus vaste, mes sentiments immenses, j’ai dit, stop, je suis partie et j’ai écris.

 

Valérie