Annonce
Dans le cadre du défi d’expression pour les 20 ans de Bi’Cause, pour le défi bonus (le treizième) nous vous proposons le thème “Entre adultes consentants tout est permis…”.
Vous l’avez compris c’est l’occasion durant toute l’année pour vous de faire preuve d’érotisme et plus.
Vous retrouverez la présentation de l’événement sur la page https://bicause.fr/un-nouveau-projet-pour-2017-defis-dexpression-des-20-ans/
ATTENTION Les contributions seront publiées sur uniquement sur le forum de la zone privée dans la rubrique http://membres.bicause.fr/forums/topic/entre-adultes-consentants-tout-est-permis-defis-dexpressions-des-20-ans/ et ne seront donc visible que par les adhérents de l’association
À vous de jouer.
Du consentement… – Par Vincent-Viktoria
La première est fiancée avec l’homme avec qui elle vit depuis 6 ans.
La deuxième est couvreuse, bosse avec deux hommes qu’elle commande, et vient de rompre avec la copine (amoureuse et… ennuyeuse) avec qui elle vivait.
Elles se croisent dans un « bar à filles ».
Cette dernière prend les devants. Son visage magnétique et son front volontaire vont-ils faire de l’effet? Peut-être, mais… réponse négative de la fiancée.
L’insistance fera-t-elle œuvre ? Effectivement, au 3e essai, et démarre une belle passion.
Jusqu’au retour inopiné du fiancé. Dans la douleur le couple se reforme. Lui qui ne menace pas ni ne crie, elle désespérée qui s’engage, jure que oui, c’est passé… Mais la passion reviendra, préfigurant le happy end, voire le happy after…
Ce film (« Beyond your mouth », merci au festival Chéries Chéris), d’une très belle facture, m’a interpellé.e : le non initial est contredit par la passion ; le oui raisonnable est balayé par la même passion…Certes, les personnages et leur psychologie ne m’ont pas été pleinement sympathiques, même par certains côtés un peu pathétiques ; mais surtout la question du consentement se décline sous un jour un peu nouveau.
Dans son livre « Mon amie Gabrielle », Mix Cordélia brode aussi sur cet aspect.
Attention, ce film tourne autour de la relation entre deux femmes ; ce qui suit aura donc une portée générale – et j’oublierai pour un temps le sexisme et le machisme…
Les sentiments humains sont contradictoires ; nous sommes des êtres pas toujours très cohérents, ballottés par nos histoires respectives, nos milieux d’origine et nos modalités personnelles de construction. Les rapports interpersonnels sont compliqués par nos propres fragilités. Parfois, c’est l’hyper-sensibilité, la réaction de « hérisson » qui s’imposent ; à d’autres, il semblera que des précautions inutiles sont prises, que la brusquerie des rapports (ou de l’entrée en rapports) est très banale.
Je ne pense pas qu’il y ait un seul mode relationnel possible à une situation donnée ; les rapports humains ne peuvent se résumer à des équations. Qui plus est, l’attitude d’une personne que je trouve envahissante, ou qui me laisse indifférent·e, et la même attitude de la part d’une autre qui m’aura « tapé dans l’œil », pour laquelle j’aurai un petit pincement ou un attrait au moins amusé ou complice, n’auront absolument pas les mêmes effets.
Il reste que les rapports interpersonnels ne se développent pas ex nihilo, ils sont en partie conditionnés par les mécanismes de dominations induits et formatés par notre société hétérocissexiste1.
Mettre en exergue, affirmer des principes forts, remplissent une fonction de référence que, me semble-t-il, le relativisme sape ou réduit à presque rien.
Mais cette référence, je ne la conçois ni comme absolue, ni comme agressive, mais comme adaptable à la fluidité des rapports entre les personnes.Il me semble donc que l’important est d’essayer de mesurer ce que l’autre ressent, au moins périodiquement. On peut « pousser un peu le bouchon », tenter la séduction ou la force de conviction un peu insistante, mais le plus important est de savoir s’arrêter avant de devenir envahissant, insupportable, voire franchement harceleur. Ce qui est de plus, de manière purement cynique, totalement voué à l’échec immédiat (l’autre personne rentre dans sa coquille) ou à terme, car la relation est par trop inégale.
Enfin, je suis plus enclin·e à développer, là aussi… le principe de précaution. Un « oui » ne se présume pas, il se dit, car le non-dit fait des ravages immédiats ou à terme…
Je parle de tout ceci sans tenir compte de la passion amoureuse, car ce sentiment brouille d’autant plus les repères, la littérature sous toutes les latitudes et à toute les périodes regorge d’exemples en la matière…
Et puis, quand je serai plus grand·e, je saurai dépasser ma timidité naturelle !
1À dominante hétéro, à domination sexiste, à norme cisgenre (la première fois que j’ai entendu ce néologisme, c’était par un universitaire québécois).