Intervention de Bi’Cause au Mans le 20 février 2001

Intervention de Bi’Cause au Mans le 20 février 2001
L’association mancelle Homogêne recevait Bi’Cause; selon le principe « questions-réponses », voici le compte rendu de cette rencontre. Par Frédéric.


Le 20 février 2001, l’association Homogêne du Mans recevait trois membres de Bi’Cause.

Questions posées par Homogêne:  

H: C’est quoi être bi?

C’est une détermination personnelle, qui peut être motivée de manières très diverses pour chaque personne.
Au départ, peut-être peut-on s’apercevoir d’une ambivalence, une attirance pour lès personnes de son sexe au même titre qu’une attirance pour les personnes de l’autre sexe.
Le fait d’avoir des relations sexuelles, ou des fantasmes, avec des partenaires des deux sexes ne conduit pas forcément à une détermination de bisexualité.
Beaucoup de bis sont confrontés à la question : suis-je vraiment bi ? ne suis-je pas plus homo, ou plus hétéro ? et leur entourage se charge bien de leur poser la question.  La réponse n’est jamais vraiment simple.
On peut avoir une vie établie avec un ou une partenaire et rechercher parallèlement des amours passagères avec quelqu’un de l’autre sexe que son/sa partenaire.
On peut aussi avoir en alternance un mode de vie hétéro ou homo selon l’élu/e du moment, et son désir d’une relation de couple exclusive.
Entre l’hétéro (H ou F) qui vft en couple, ou en relation privilégiée avec un partenaire du sexe opposé, mais qui apprécie des extras avec un partenaire de son sexe, et l’homo (H ou F) qui vit en couple, mais qui a déjà vécu en couple hétéro et qui envisage que cela peut se reproduire éventuellement, il y a autant de réponses que d’individus.
Ou encore celui qui a de multiples relations, homos ou hétéros selon les circonstances.
Il y a aussi des gens qui n’envisagent des relations bis qu’en situation de triolisme, avec la présence simultanée d’un homme et d’une femme, mais qui n’envisagent pas de relations en tête à tête avec quelqu’un de leur propre sexe.  

H: Qu’est-ce que la bisexualité?

La bisexualité existe. Elle existe tout simplement puisque nous, bisexuel-le-s, déclarons l’être.

H: Comment se définissent les bis?

Nous aimons vivre nos désirs, nos amours, nos sexualités, nos sensualités, avec des hommes et avec des femmes, de manière conjointe, simultanée ou successive, et de façon permanente ou temporaire.  Nous assumons notre double attirance affective et sexuelle et vivons sereinement nos amours, homosexuels et hétérosexuels.
Comme les homosexuel-le-s, nous ne différons des hommes et des femmes hétérosexuel-le-s que par cette particularité.  Aucun autre caractère ne nous distingue d’eux (si ce n’est que nous devons faire face à la biphobie).
La condition bisexuelle n’est pas un choix : elle s’est imposée à nous comme l’hétérosexualité s’impose aux hétérosexuel-le-s et comme l’homosexualité s’impose aux homosexuel-le-s.  C’est un sentiment d’être au monde avant d’être un style de vie.

H: La bisexualité est-elle difficile à vivre ?

Oui, la bisexualité est difficile à vivre au quotidien, dans le couple dans la société, pour le développement et la compréhension de soi, aussi par le fait de l’isolement.  

H: Biphobie ?

La première biphobie se trouve intériorisée chez les bisexuels ; et il y a beaucoup de chemin à faire.  Il y a tellement de différences, voire de divergences entre les bis qu’une définition est encore loin d’émerger.  La crainte notamment d’être pris pour de joyeux partouzards fait prendre chez certain-e-s des comportements de raideurs morales surprenantes,
Les lesbiennes tolèrent mal les femmes bisexuelles, qu’elles regardent comme des traîtresses à la cause des femmes.  Les gais sont plus tolérants à l’égard des bis mais ne comprennent peut-être pas bien pourquoi ‘ils’ ne choisissent pas.
Les bis sont souvent considérés comme ceux qui ne sont pas capables de choisir, de se fixer dans une relation unique et stable.
Socialement, la femme bi est mieux acceptée par le milieu ‘macho’ car ses pratiques renforcent les fantasmes masculins.  Il est fréquent de voir des pratiques de femmes bis dans les films pomos, alors que des images de pratiques bis pour les hommes y sont très rares.  

H: Pourquoi les bis vivent-t-ils leurs côté « homosexualité » de manière plus cachée que leur côté « hétérosexualité »?

La réponse est dans le regard des autres (supposé ou réel)
On demande souvent aux bis de se définir et de justifier leur bisexualité ; par exemple en leur posant des questions sur leurs pratiques, une sorte de comptabilité,
Les bis souhaitent notamment avoir un « droit à l’autobiographie historique »: avoir été bisexuel suffit à se reconnaître comme tel sans avoir à le justifier par des pratiques régulières, notamment pour ceux ou celles qui choisissent de vivre en accord avec la fidélité choisie dans le couple.  

H: La bisexualité se vit-elle de manière clandestine (sexuellement parlant) dans le couple?

Chaque couple a un historique différent. Selon que le / la partenaire est au courant, l’accepte et le comprend la relation sera plus ou moins authentique ou cachée.  

H: Comment les bis gèrent leur vie affective?

Gérer sa vie affective n’est JAMAIS simple. pas davantage pour les bis que pour les mono.  

H: Aux EU on parle de la Pride gay, lesbienne, bi, transgenre, transexuelle, alors qu’en France on est encore seulement qu’au terme de Lesbian and Gay Pride.

Non, la visibilité « bie » est de plus en plus grande dans les milieux gais et lesbiens, même si les bis ne sont pas encore très conscients du bénéfice à se révéler au yeux des autres.

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