Dès sa création, Bi’Cause s’est mobilisée sur les questions de santé, notamment sur celle du VIH et des IST (Infections Sexuellement Transmissibles). En témoigne la sortie, dès 2004, avec le soutien de l’INPES, du manuel de prévention « fêter le corps ».
Dans le cadre de ses réunions publiques périodiques, les Bi’Causeries, l’association a, sur proposition du centre lgbt Paris-Île de France qui l’héberge et avec qui elle construit de riches projets, intégré la semaine d’initiatives fin novembre 2012 qui s’est achevée par la Marche contre le SIDA le 1er décembre.
Lors de cette réunion du lundi 26 novembre 2012, Bi’Cause a invité à s’exprimer Act-Up Paris, dont on trouvera deux contributions, notamment celle que le représentant nous avait exposée et qui éclaire la question des hommes bisexuels ayant des rapports avec d’autres hommes.
Puis le centre lgbt a invité le centre de santé limitrophe (centre Au Maire Volta) à contacter Bi’Cause. Là encore, les échanges ont été très riches et forts de potentialités, qui devraient aboutir à une convention entre nos deux structures. D’ores et déjà, nous y déposons des manuels de prévention qui rencontrent un réel succès auprès de l’équipe et du public, tandis que la directrice du centre a elle-même animé une Bi’Causerie au printemps 2013.
Faute de temps et de disponibilités, Bi’Cause n’a pu participer aux séances de travail —toujours organisées en partenariat avec le centre— du projet « Parlons Q », qui entend reprendre l’initiative de campagnes de prévention auprès des gays dans les lieux où se nouent des relations intimes. Il nous semble que, après la publication de son rapport d’étape et en vue d’une relance d’un second temps dès l’automne 2013, la spécificité des hommes bisexuels est à développer, au moins en articulation avec ce groupe projet.
D’ailleurs, c’est le sens de la première ébauche d’un « appel » destinée à cette population ou plutôt aux risques spécifiques qui peuvent exister dans certaines pratiques. Il appartient à qui le souhaite d’enrichir cette thématique et de contribuer à la réflexion.
Cela nous servira en particulier à dynamiser la diffusion du manuel et des actions de prévention que l’on peut mettre en place à cet effet, notamment en province, éventuellement en partenariat avec des centres ou associations qui peuvent être intéressés par cette activité.
La santé des bisexuel-le-s ne se limite pas à question cruciale du VIH et des IST. Par exemple, la difficulté d’acceptation sociale de la bisexualité – y compris chez certaines lesbiennes et certains gays-, l’incompréhension, le rejet, la stigmatisation sont des facteurs de souffrance. Que dire alors de ces hommes et femmes qui, en recherche d’une aide psychologique, se font renvoyer à une prétendue immaturité, une « instabilité », un « passage » d’un penchant à l’autre par quelques professionnels ? Ces derniers ne font que véhiculer une norme, et n’aident pas à ce que les personnes s’assument et se réalisent (dussent-elles quitter demain toute attirance bisexuelle), mais veulent les faire rentrer dans leur schémas. Voilà les raison qui nous ont conduites à cosigner une déclaration commune avec l’association PsyGay
Bi’Cause entend développer les rapports avec les spécialistes, les structures médicales ou paramédicales qui ont une attitude ouverte, d’écoute et d’aide envers les personnes qui se déclarent bisexuelles.
Dans un domaine voisin mais non médical, nous saluons le rôle essentiel de SOS Homophobie dans la dénonciation du rejet des bisexuelLEs, qui les a conduits à dorénavant prévoir et alimenter un chapitre particulier dans leur rapport annuel sur et contre la biphobie (voir aussi les « premiers résultats de l’enquête sur la bisexualité » lancée par SOS Homophobie, le MAG jeunes lgbt Act-Up et Bi’Cause).
Oui, nous sommes persuadés que l’acceptation de la bisexualité, orientation sexuelle parmi d’autres (voir la résolution 1728 de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe), dans l’ensemble des milieux et des sphères de la société, doit être et sera incontournable aussi dans l’objectif de l’amélioration de la santé mentale et physique de toute une catégorie dont l’effectif est loin d’être négligeable : 3% de la population adulte en France se déclarent bisexuels, selon le sondage Têtu IFOP de l’automne 2011, soit environ 1,2 million de citoyenNEs ! et le chiffre en est évidemment sous-estimé…
Mention finale et spéciale, qui, espérons-le, sera appelée à disparaître au plus vite de cette page : il est grand temps que les engagements des femmes et hommes politiques qui gouvernent soient tenus et que le don du sang ne soit plus interdit aux hommes ayant des relations, y compris sporadiques, avec d’autres hommes. Les comportements à risques ne sont l’apanage d’aucun groupe.
La lutte pour la santé, la prévention non plus. Dans ce combat, Bi’Cause entend prendre toute sa place, et vous invite, chère lectrice, cher lecteur, à y contribuer.