Le manifeste bi italien Identité bi:

Ce texte à inspiré le manifeste français des bisexuel-le-s

Texte paru dans Aut, « mensuel de politique, culture et information gaie, lesbienne, bisexuelle et transgenre du Cercle de culture homosexuelle Mario Mieli » N° 16, mai 2000. Traduit de l’Italien par Patrizia :

Se donner un nom, se définir, trouver sa propre identité. Voici le premier pas vers l’acquisition d’une position autonome, distincte, consciente de ses limites et de ses bornes. Vers la dignité qui est propre à ce qui existe. Se découper ses propres espaces et par conséquent « dire », demander, crier. Péchons-nous peut-être déjà par la rhétorique ? Le manifeste est un acte d’affirmation verbale, net, clair, sans hésitations : il naît comme une déclaration, pour être crié dans les places, ne serait-ce que dans la place télématique d’internet dans laquelle Bisex Italy est née et a grandi, depuis novembre 1999 à aujourd’hui, et à l’intérieur de laquelle le document qui suit a été conçu, structuré et approuvé, presque à l’unanimité. On dirait que c’est la première fois que les personnes bisexuelles, du moins « par chez nous » (en Italie, NDLT) essaient de demander quelque chose pour elles-mêmes, à réclamer quelque droit qui ne soit pas emprunté (c’est pratique) au monde hétéro ou homosexuel. « Faites attention à ce que vous demandez, car cela pourrait vous être donné ! » ce dicton dont on a perdu l’origine, par rapport à notre expérience, nous rappelle que le premier pas pour avancer des requêtes sociales, pour faire valoir des droits qui soient « à nous », c’est, avant tout, d’être vraiment convaincus de ce que nous demandons, pour pouvoir ensuite en bénéficier.

Tout au moins, après cet acte formel (et nous espérons qu’il ne soit pas isolé et centré sur lui-même), nous n’entendrons plus affirmer avec une perplexité ironique comme Jean-Luc Hennig (Bi, sur la bisexualité masculine, 1996): « Les bisexuels (…) ne revendiquent jamais rien, ne se constituent pas en associations ni en communautés, (ne se regroupent pas de manière homogène), ne donnent pas lieu à des enquêtes, à des recensions, à une apparence soit-elle minime d’existence. »

par KRIPTON (porte-voix de la communauté bisex Italy)

SE DÉFINIR, S’AFFIRMER, DEMANDER :
LORSQUE LES BISEXUEL-LES AUSSI DÉCOUVRENT QU’ILS ET ELLES ONT UNE TÊTE… ET QU’ILS ET ELLES SONT DECIDÉ-ES À LA LEVER

PREMIER MANIFESTE BISEXUEL
(de l’Identité, de la Dignité et des Droits de la Personne Bisexuelle)

DE L’IDENTITÉ BISEXUELLE

La personne bisexuelle existe (ne serait-ce que parce qu’il-elle en est convaincu-e).

La personne bisexuelle ne peut pas être classifiée comme un-e homosexuel-le incapable de (ou pas disposé-e à) reconnaître le caractère univoque de son inclination homosexuelle, ni d’ailleurs considérée un-e hétérosexuel-le à la recherche de nouveautés vicieuses.

La bisexualité est une condition du sentiment (ou du sentiment d’être au monde) avant d’être un style de vie ou une collection d’expériences. Est également reconnue l’existence du-de la bisexuel-le même si « bisexuellement vierge ».

La personne bisexuelle du « on ne sait jamais » n’est pas en réalité un-e bisexuel-le: on peut en effet être bisexuel-le avec les actes, le style de vie ou avec l’esprit, mais il n’est pas nominalement licite de « réserver son propre espace-nom bisexuel » avant de ressentir en soi une authentique et réelle pulsion.

DE LA DIGNITÉ BISEXUELLE

La vraie liberté ne consiste pas seulement en ce que l’on peut choisir, mais en ce que l’on peut changer.

Tout choix est renoncement à l’alternative.

L’intérêt ou l’inclination affective et/ou sexuelle envers des personnes d’un des deux sexes ne comporte en soi aucun affaiblissement ou carence concernant l’intérêt, la capacité et les potentialités de rapport au regard des personnes de l’autre sexe.

La personne bisexuelle n’est pas un-e indécis-e, de la même manière qu’un omnivore ne peut se dire indécis entre être carnivore ou végétarien.

La condition bisexuelle n’est en soi ni plus ni moins digne que la condition hétérosexuelle, gaie, lesbienne ou transgenre.

DES DROITS DE LA PERSONNE BISEXUELLE

La personne bisexuelle a le droit de ne pas voir sa situation mal comprise ou improprement assimilée à celle de la personne homosexuelle ou hétérosexuelle.

Il est un droit fondamental de la personne bisexuelle que l’une des composantes de sa sexualité ou de son affectivité, qu’elle soit vécue dans la corporéité des actes ou dans l’inclination de l’esprit, ne préjuge pas ni ne réduise aucunement l’existence, la dignité et la possibilité de s’exprimer et de réaliser de l’autre composante.

La personne bisexuelle a le droit de voir reconnue sa situation spécifique, même lorsque celle-ci (à cause d’empêchements, choix ou convenances de plusieurs sortes, y compris les hasards de la vie ne dépendant pas de sa volonté) n’aurait pas la possibilité de s’exprimer pleinement. Le seul élément qui pourra être pris en considération par le sujet pour son auto-reconnaissance en tant que bisexuel-le est, en effet, son « sentiment » intime et sincère : tout observateur extérieur sera par conséquent tenu à s’adapter à la reconnaissance du résultat de cette perception, qui reste le fait du sujet intéressé en première personne.

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