Il en existe une version version PDF : bicause news numero 7 Sommaire: Articles Éditorial : Le Bi’Cause News est enfin arrivé! (par Seb) Actualité 1er forum sur les bisexualités Interview Sandrine Pache du groupe Vogay (propos recueillis par Sébastien Gruchet) Nous y étions Retour des Universités d’Eté (par Yves) Feuilleton « Le refuge de vos bras » Culture
Les bis causent Ras le bol! (Clô) Solitude (texte produit lors d’un atelier d’écriture) Défense et illustration de Bi’Cause (Julie) Vie associative Les randonnées Bicausiennes (par Patrick) |
Entretien avec une femme dynamique qui se bat pour une plus grande visibilité…
Propos recueillis par Sébastien Gruchet le 31/10/2000
Lors de la préparation du forum sur les bisexualités, nous avons rencontré Sandrine Pache, responsable d’un groupe bisexuel au sein d’une association gay en Suisse.
Bi’cause News: Bonjour Sandrine, tout d’abord, si on te demande de te présenter en quelques mots…
Sandrine Pache: Je m’appelle Sandrine Pache, j’ai 35 ans, les yeux bruns, je suis éducatrice spécialisée. J’ai créé un groupe bi en 1997 dans une association homo qui s’appelle Vogay à Lausanne en Suisse.
BN: Peux-tu nous résumer brièvement l’histoire de VOGAY?
SP: L’association Vogay est une association un peu comme le CGL (1)
. C’est une association à la base pour les personnes concernées par l’homosexualité. Elle était majoritairement masculine mais maintenant, il commence à y avoir plus de femmes. Il s’agit au départ d’un groupe de gays qui faisaient partie d’une association de type Sidaction, puis qui ont décidé de créer leur propre groupe. Moi, à l’époque, j’étais dans une association lesbienne. Quand j’ai appris que Vogay était mixte, je m’y suis intéressée parce que je voulais créer un groupe bisexuel mixte qui dispose aussi de l’infrastructure d’une association. Donc dès que j’ai su qu’ils allaient avoir des locaux, je me suis mis en contact avec eux pour pouvoir créer un groupe bi. Pour l’instant on est là, au sein de cette association. Je pense qu’on va changer de nom. On va s’appeler bientôt « Antenne Bisexuelle Romande ». Ce sera un nom plus adapté, plus facile aussi, peut-être, pour obtenir des subventions.
BN: Quels sont les objectifs du groupe bisexuel à l’intérieur de Vogay?
SP: À la base, on a deux aspects un petit peu comme Bi’Cause, c’est-à-dire un aspect convivialité et puis un aspect information. Moi, j’ai surtout développé l’information à l’extérieur, c’est-à-dire dans les médias généralistes et dans le milieu gay. On participe régulièrement à toutes les réunions d’associations suisses romandes gaies et lesbiennes, à la Pride (2), à tous ces évènements. Il s’agit surtout de donner une visibilité et une source d’informations aux personnes bisexuelles. C’est l’objectif principal en fait pour l’instant. Favoriser la visibilité et puis surtout offrir une source d’informations, et puis lutter un peu contre les préjugés qui existent dans le milieu hétéro et dans le milieu gay.
BN: Y’a-t-il des contradictions entre Vogay et le groupe bi?
SP: Le problème, c’est surtout une question de structure, c’est-à-dire que nous, on est théoriquement un groupe au sein de Vogay, alors qu’en fait, notre action est beaucoup plus large. On pourrait même carrément dire qu’elle est nationale. Si on avait un peu plus de moyens, on pourrait être une antenne bisexuelle Suisse. Cette situation est source de conflits parce que je dois à chaque fois justifier l’importance de ce qu’on fait pour obtenir quelque chose. Mais c’est plus un problème de structure que le fait qu’on soit bisexuel ou homo. Cependant, il faut tout le temps ré-expliquer ce que c’ est que la bisexualité parce que les préjugés ont la peau dure.
Autrement, il n’y a pas de problèmes. Ça fonctionne plutôt bien. C’est pour ça que j’y suis encore. Ça fait quand même trois ans. On collabore aussi avec d’autres groupes gays en Suisse, en particulier Dialogay à Genève, pour justement créer des ponts. Mon but, c’est vraiment de donner l’accès à l’information pour un maximum de gens. Ce n’est pas de faire une petite île » Bisexuel-land « .
BN: As-tu remarqué des différences majeures entre le groupe bi à VOGAY et BI’CAUSE?
SP: A part au tout départ où c’était un groupe extrêmement politique, avec les gens qui l’ont fondé, je crois que Bi’cause est devenue maintenant plus un groupe axé sur la convivialité, la réflexion, etc.… Et comme vous avez beaucoup de monde, Bi’cause est plus centrée sur elle-même. Nous, on est très peu à être actifs, donc, c’est l’inverse. Nous sommes très ouverts sur l’extérieur, les relations avec les autres associations, les autres pays, sur ce qui se passe au niveau de la recherche. Je pense que c’est ça essentiellement la différence. Mais bon, c’est en train de se modifier, avec ce qu’on fait maintenant par rapport au forum sur la bisexualité. Je crois que c’est un travail qui avance gentiment.
BN: Y a-t-il selon toi un travail commun à réaliser entre les 2 associations?
SP: Oui bien sûr, moi, je pense qu’il faut vraiment que les associations ou les lieux bisexuels bossent en réseau. On est peu de gens. On est peut-être beaucoup à être concernés mais on est très peu de gens actifs, donc je pense qu’il faut absolument travailler en réseau. C’est comme ça qu’on sera les plus efficaces et aussi que les gens isolés, comme nous pouvons l’être, se sentiront soutenus.
BN: Quelles sont tes attentes par rapport la rencontre du 20 janvier 2001 ?
SP: Moi, ce que j’aimerais en fait, c’est pouvoir un peu élever le débat par rapport à ce qu’on a pu faire jusqu’à aujourd’hui. C’est-à-dire pouvoir donner un aspect qui sort du témoignage, des rencontres etc, et qui va vers quelque chose de plus théorique, de plus pragmatique et de plus établi au niveau du discours qu’on peut tenir par rapport à la bisexualité, que ça soit un discours associatif, théorique, de recherche ou sociologique ou que sais-je, et puis aussi obtenir une plus grande visibilité à l’extérieur. Enfin essayer gentiment mais sûrement de gagner une place comme l’ont par exemple les gays.
BN: Comment expliques-tu qu’il y ait si peu de monde dans le groupe bi suisse?
SP: Toute la Suisse Romande, c’est 2 millions de personnes. Donc, en fait on est beaucoup! Parce que nous, on est à peu près une dizaine de gens qui vraiment se mobilisent qui se bougent, et la mailing-liste (3), c’est à peu près soixante adresses. Donc en fait, c’est énorme parce que Paris, c’est quoi? C’est 11 millions d’habitants. Il n’y a qu’une seule association en France! Nous, des groupes bis, jusqu’à il n’y a pas longtemps, il y en avait 8 dans toute la Suisse. La Suisse, c’est 7 millions d’habitants, donc en fait c’est énorme !
(1) Centre Gay et Lesbien ; 3 rue Keller ; 75011 PARIS [retour au texte]
(2) Lesbian & Gay Pride, marche annuelle de la fierté
homosexuelle [retour au texte]
(3) Liste de personnes qui souhaitent être tenues informées de leurs activités via Internet [retour au texte]
– Nous y étions – Participation de Bi’cause aux UEEH 2000, du 22 au 29 juillet 2000
Bilan : ce qui a été prévu, ce qui a été vécu. ( Par Yves)
Au départ, nous étions deux volontaires pour nous rendre aux Universités d’Eté Euroméditerranéennes des Homosexualités (UEEH), puis trois, puis quatre, et finalement nous étions sept personnes présentes à Marseille pour représenter Bi’cause. Nous avions choisi d’aborder trois thèmes au cours de trois animations de deux heures qui nous ont été offertes par les organisateurs des UEEH. Pour préparer ces trois animations, nous avions pris soin de questionner les membres de l’association au cours d’une bi’causerie du lundi, et voici les grandes lignes de ce que nous avons décidé de présenter à Marseille:
PREMIER ATELIER: LA BISEXUALITÉ, UN CHOIX DE VIE, UNE IDENTITÉ?
Les pratiques et l’identité, quand peut-on parler de bisexualité?
La double suspicion de « vivre une sexualité en travail », alors qu’on peut être stable.
La bisexualité perçue comme un non-choix, un entre-deux, ou une quête de soi.
Pour illustrer ces thèmes, nous disposions
de quelques témoignages entendus dans l’as-sociation,
et relevés au cours de bi’causeries:
Gilles: «Je ne dis pas ma bisexualité au début d’une relation pour ne pas avoir à me justifier (Qui c’est ta copine? Qui c’est
ton copain?)»
Laurence: «J’attendais de la compréhension des autres pour pouvoir me construire, ne pas être jugée trop tôt. Aujourd’hui je dis rapidement ma bisexualité. Est-ce qu’on choisit vraiment sa sexualité? Mes relations avec les hommes m’ont aidé à mieux comprendre les femmes».
DEUXIÈME ATELIER: BISEXUALITÉ ET VIE SOCIALE : S’INTÉGRER.
La bisexualité vécue en deux temps. Avant la prise de conscience, une possibilité de malaise dû à la difficulté d’assumer son rôle présupposé. Après la prise de conscience, une possibilité de trouver un équilibre avec son genre, et l’autre genre. Pour les femmes et pour les hommes, l’acceptation de sa féminité et de sa masculinité.
- En famille: comme pour les homos,une grande souffrance par rapport aux parents, jusqu’à la rupture; le choix entre la sortie du placard, ou bien ne pas dire, mais ne pas cacher; la recherche d’un soulagement; la vie familiale et les enfants (en avoir et en avoir été un); la fidélité affective et sexuelle à un(e) conjoint(e) avec lequel(laquelle) on vit; le rôle et la place de l’amour homo; le rap-port à ses enfants quand ils grandissent.
- Dans la vie professionnelle: un double rôle à gérer entre l’identité, les pratiques réelles et la façade hétéro; les problèmes de suspicion et de harcèlement moral ; la pression sociale.
Plus généralement, la bisexualité comme lieu d’échange, zone frontière entre les homos et les hétéros. La bisexualité comme un espace de parole et de pratiques. La proximité entre les bis, les trans, le mouvement queer, dans le refus des rôles préétablis, de la normalité actuellement reconnue. La bisexualité est-elle comparable à une transexualité psychique
vécue, affichée?
Témoignage entendus dans l’association:
Georges: «J’ai essayé de vivre comme un hétéro, puis comme un homo. Aujourd’hui, je vis simplement selon l’autre. J’ai annoncé à 19 ans à mes parents que j’étais homo, un
an après j’étais avec une fille.»
TROISIÈME ATELIER : L’ASSOCIATION BI’CAUSE.
Bi’cause: un espace de promotion de la bisexualité, sans prosélytisme, créé par des femmes et des hommes ne se reconnaissant pas sous la dénomination d’hétérosexuel(le) ou d’homosexuel(le).
BILAN:
Bien sûr, lorsque les UEEH ont débuté, nous nous sommes aperçus que tout ce que nous avions prévu d’aborder ne tiendrait pas dans le temps qui nous était donné. Nous nous sommes également aperçu que nos savoirs théoriques n’étaient pas aussi complets ni aussi sûrs que ceux d’autres associations, plus rodées à ce genre de rencontres. Mais à leur contact et grâce à leurs conseils, nous savons maintenant comment mieux nous organiser dans l’association, et nous préparer aux prochaines UEEH. Nous avons profité de ce lieu de rencontres pour établir ou renforcer des liens avec d’autres personnes et associations bisexuelles de Toulouse, de Suisse, ou de Belgique. Ces liens se concrétisent aujourd’hui par des actions communes qui nous permettront de mieux nous connaître et nous faire connaître, en agissant ensemble.
Pendant cette semaine magique, au milieu des cigales et du soleil, à proximité des calanques, nous avons pu travailler et nous détendre. La fête du dernier jour, une kermesse érotique, a été un succès, au cours de laquelle les bisexuels ont tenu un atelier où il s’agissait pour les visiteurs de deviner qui massait avec amour leur dos et leur ventre nus, une fille ou un garçon? Finalement, est-ce que ça avait de l’importance?
Pour en savoir plus sur les universités d ’été: http://www.france.qrd.org/assocs/ueh/
Je ne regrette pas d’avoir profité de ce week-end pour rejoindre le refuge de la “passe aux mules” comme lors des grandes traques aux sangliers.
Mais cette fois, je suis seul dans l’aventure et, après cette longue journée de marche, il est temps pour moi de rejoindre le refuge et son éternel gardien le vieux Jacques.
D’ailleurs, va-t-il me reconnaître? Quel âge peut-il avoir maintenant et quel âge avait-il à l’époque? Je pense à la tête qu’il va faire.
Je frappe, j’ouvre la porte et lance un franc
“Bonjour Jacques, comment ça…” qui est aussitôt interrompu par une voix féminine
“Ah, il y a erreur … Moi, c’est Marie. Mais bonsoir quand même et bienvenue au refuge!”.
Saisi, sans voix, avec certainement en plus un air d’abruti fini, je découvre devant moi une belle femme brune d’une trentaine d’années, qui me regarde et me sourit.
Elle ajoute “Eh bien rentre! Ne reste pas là! L’hiver est fini, mais on n’est pas encore à s’arrêter de chauffer.”
Je m’exécute.
– Euh… Jacques n’est plus là?
– Ah, çà, même si le froid conserve, il aurait plus de cent ans maintenant!
– Ah bon!
– Dis donc, c’est pas triste! Il a été sur ses deux jambes jusqu’au bout ! Mais dis-moi plutôt comment tu t’appelles.
– Vincent!
– Eh bien, tu es le premier randonneur de la saison. Assieds toi sur cette chaise près de la cheminée!
Aussitôt Marie s’agenouille et entreprend de me retirer guêtres et brodequins.
– Mais … Marie… Que faites-vous? Je suis capable de…
– Allez laisse-toi donc faire! Tes pieds ont été malmenés. Tu vas voir, je suis un peu sorcière et dans dix minutes, tu voudras danser toute la nuit!
Moi, je n’ose rien dire; ce silence soudain me paraît si naturel, si intime, si plaisant et si fragile! Je l’observe s’affairer. Elle me masse, relève son visage vers moi et me sourit. Je lui souris également.
Son massage est des plus agréables.
Elle entreprend l’autre pied. Une sorte d’intimité, presque quotidienne ou déjà vécue, s’installe…
Soudain, des pas résonnent et la porte s’ouvre…Et du bien-être, alors, je passe en un instant à la crainte et à la culpabilité. Un colosse vient d’apparaître; il tient un fusil dans une main et de l’autre un lapin. Il n’a pas l’air surpris, ni en colère, il affiche un fier sourire et me fixe un instant:
– Bienvenue, tu es le premier à monter cette année!
– Euh…, Oui! Marie vient de me le dire!
Et Marie de rajouter, sans interrompre son massage:
– Vincent, je te présente Lucas… Bon!, dit-elle, je dois me changer, finir le repas…Lucas, peux-tu aller chercher du bois?
En quelques secondes, je reste seul sur une chaise, pieds nus, détendu et un peu étourdi devant la cheminée de cette grande pièce connue et nouvelle à la fois. Je n’ose pas vraiment bouger. Je reste comme dans l’attente soit d’une autorisation, soit d’un évènement. C’est Lucas qui réapparaît, chargé de bûches qu’il laisse tomber à coté de la cheminée. Il se retourne me sourit, je lui souris aussi; il pivote vers moi et sans attendre aucun accord, se penche sur mes pieds.
– Maintenant, vérifions le travail de Marie!
Je n’ose rien faire, mais me demande ce qu’ils ont tous après mes pieds, ce soir!
– Marie fait ça très bien. Moi, je le fais à ma manière…
Marie apparaît. Elle a troqué pantalon et pull pour une jupe ample et un bustier échancré, noirs. Elle a posé sur ses hanches un grand châle aux motifs floraux verts et bleus. Elle a relevé ses cheveux en chignon de geisha, a noué autour de son cou, à l’aide d’un ruban noir une croix en émaux vert et bleu.
– Je rajoute un couvert et je te place à côté de Lucas. Comme cela, je vous aurai tous les deux face à moi!
Le repas est simple et copieux. La conversation est animée, ils sont curieux de tout sur ma vie. Je m’efforce d’en apprendre
autant sur eux : Marie a vingt neuf ans, vient de Provence, a toujours travaillé dans sa famille, avant de rencontrer Lucas, il y a cinq ans maintenant. Lucas a trente trois ans, issu d’une famille de fermiers de la région qu’il a quitté à quinze ans pour vivre depuis, de tous les petits métiers.
Je sens une grande connivence entre eux, mais j’ai l’impression d’être totalement intégré, les émotions, la chaleur passent entre nous.
D’ailleurs, je ne pense pas si bien dire…
Marie propose, le sourire aux lèvres:
– Je débarrasse, cela fera un peu de place, c’est une bonne idée, qu’en penses-tu Lucas?
Nous partons alors tous trois comme des enfants sans réelle raison, dans un grand fou rire. Marie s’éloigne avec la vaisselle, vers la cuisine tout en pouffant encore. Amusés, Lucas et moi, échangeons un regard espiègle, suivi d’un nouveau fou rire.
Mais quand Marie réapparaît, notre souffle s’arrête, elle a oté son corsage, recouvert ses seins de ses longs cheveux et va éteindre une à une les bougies, un bras plié sur sa poitrine pour retenir ses cheveux. Je regarde Lucas, plein d’interrogation… Il m’esquisse un sourire et comme pour me rassurer pose sa main sur mon genou et me fait signe de ne
rien dire.
Marie, dans l’obscurité, retire sa jupe et ne conserve que son châle autour de sa taille, revient vers nous à pas lents, se penche vers moi et dit:
– Vincent … Veux-tu … Prendre un peu de dessert ?
Je déglutis et reste sans réponse.
– Que désires-tu? Autre chose peut-être …
Son visage s’approche du mien “Moi, j’ai surtout …” Nos lèvres se touchent “ surtout faim de toi ”. En un instant nous échangeons un long et profond baiser puis Marie me retire délicatement ses lèvres.
Inquiet, je cherche le regard de Lucas…
Lui remonte sa main à l’intérieur de ma cuisse, pose son autre main sur ma nuque et dit: “Tu vois, la faim est une drôle de sensation, elle vient souvent en mangeant…” Et nos bouches se rencontrent pour un autre et nouveau profond baiser…(Suite dans le prochain numéro)
La couverture annonce bien les couleurs : le rainbow flag! En novembre 2000 le mensuel Beaux Arts offre en effet à ses lecteurs un musée imaginaire d’un genre nouveau, sur 13 pages plus l’édito.
Que les choses soient claires: il ne s’agit pas de dresser la liste des artistes gays et lesbiennes à travers les siècles mais de réfléchir enfin sur les divers aspects du lien entre histoire de l’art et homosensibilité.
Ça commence mal: pudibonds, les spécialistes ont longtemps refusé d’admettre la signification peu ambiguë de motifs comme Ganymède et Zeus, Diane et ses suivantes… Ce premier article puise ses informations dans les recherches des études gays et lesbiennes américaines: les esthètes français continuent de garder les yeux fermés quand leurs confrères anglo-saxons commencent à les entrouvrir.
Dommage, la double page sur la figure de saint Sébastien évoque une initiation maladroite à l’imagerie homo plutôt qu’une étude sérieuse. Mais elle présente le mérite de révéler le Sodoma, artiste italien du XVIe siècle injustement méconnu.
On préfèrera l’article « I will survive*« , qui souligne l’émergence de la culture queer et la présence du sida dans l’art contemporain (Mapplethorpe, Haring, Gonzalez-Torres… une hécatombe). Les artistes peuvent aujourd’hui jouer sur plusieurs tableaux pour défendre leur identité : provocation, humour (voir le sachet de pilules de Dana Wise éti-queté
« Guarantee the heterosexuality of your child**« ), ou, comme le suggère l’auteur, création autour de l’homosexualité au lieu d’un enfermement dans la catégorie « art gay ».
Seul véritable accroc: en fin de dossier, l’annonce d’un hors-série sur les photographes homo-kitsch Pierre et Gilles. Si ça ce n’est pas, précisément, enfoncer le clou de l’étiquette
« art gay », alors saint Sébastien peut aller se rhabiller.
Note: *= « Je survivrai »; **= « Garantissez l’hétérosexualité de votre enfant ».
Drame de Chantal Akerman, avec Stanislas Merhar, Sylvie Testud, Olivia Bonamy, Liliane Rovère, Françoise Bertin, Aurore Clément
Par Frédéric
Ariane vit chez Simon dans un grand appartement parisien. Il veut tout savoir d’elle, la suit, la fait accompagner dans ses sorties et la soumet à un questionnement incessant. Le fait qu’il connaisse le goût d’Ariane pour les femmes, qu’il se doute qu’elle a une double vie, et qu’il l’invite à continuer ses relations avec son amie, ne fait qu’exacerber sa douleur, son impuissance et sans doute son désir d’elle.
La bisexualité d’Ariane n’apparaît dans ce film que par les angoisses que se crée Simon sur ce sujet; la sexualité est à peine suggérée notamment par le questionnement des amies d’Ariane sur ce qu’est l’amour des femmes entre elles.
Ce film pose entre autres la question du conjoint d’une personne bisexuelle; le doute sur ses activités, sur ses amours extérieures, sur son incapacité à apporter à l’autre tout ce dont il/elle a besoin en matière d’amour.
La question de la fidélité dans le couple où l’un des partenaires est bisexuel reste ouverte.
Notons qu’une fois de plus, l’héroïne meurt à la fin: il n’y a pas de bonheur en ce monde pour les bisexuels.
Comédie dramatique de Agnès Obadia et Jean-Julien Chervier avec Julie Durand et Alexis Roucout. Par Seb
«Si je me mets des petites queues de chat dans le nez, c’est parce que je suis en lutte avec moi-même!» Voici le discours absurde que Roudoudou, adolescente de 15 ans, tient à sa mère lorsqu’elle est travaillée par les nombreuses questions qu’elle se pose sur l’Amour, le sexe, les filles et les garçons. De plus, elle n’a qu’un seul sein, ce qui ne risque pas d’arranger les choses! De leur coté, Romain et Francis, 15 ans également, se masturbent mutuellement, en pensant coucher chacun avec la mère de l’autre, histoire de se convaincre qu’ils ne sont pas homosexuels.
La naïveté, toujours drôle mais jamais ridicule, des propos de nos trois personnages, à l’éveil d’une sexualité curieuse et qui promet d’être riche, ne manquera pas d’interroger chacun sur l’éducation qu’il a lui-même reçu ou qu’il applique à ses propres enfants.
A noter la qualité de jeu de l’actrice principale, Julie Durand, qui risque de faire une belle carrière.
Alors pour une fois, faites une infidélité à votre carte UGC et ruez vous dans les quelques petites salles qui projettent encore cette oeuvre singulière.
Les randonnées Bicausiennes Par Patrick
Merci les filles! Grâce à vous, Mireille, Julie, Agnès et les autres, les randonnées de Bi’Cause ont pu se poursuivre tout au long de l’été. Elles ont repris avec succès le relais de ce qui me paraît être une activité ô combien importante.
C’est par la randonnée, je crois, que les Bi’causiens(nes) entre autres, arrivent à mieux se connaître et à échanger sur leur expérience de la bisexualité.
On assiste souvent à des moments forts, où chacun a la liberté de s’exprimer, de s’exposer, et où l’on écoute vraiment son voisin. Quoi de mieux pour bavarder sans crainte, que ces ballades autour de Paris, dans des lieux souvent aussi beaux qu’inconnus.
Les vues des paysages sont parfois panoramiques, celles de l’esprit Bi souvent magnifiques!
On repart vers son intérieur et vers son chez soi, bien plus riche qu’au départ. Les quelques heures passées ainsi ensemble font autant de bien à la tête qu’aux jambes.
« On est épuisé mais ravi, faut-il qu’on s’aime et qu’on aime la vie. »
J’aime voir les Bi heureux, donc merci les filles pour le bonheur que nous procurent ces randonnées.
Venez nombreux nous y rejoindre VOUS AUSSI!