Bi’Causerie du 27 novembre 2023
Les différentes rubriques de l'article
Texte d’invitation
Depuis de nombreuses années, l’association ENIPSE s’engage dans une réflexion autour des enjeux en santé mentale pour les personnes LGBT+.
Soutenue par Santé Publique France et par l’ARS, elle a déployé des actions de « aller-vers » concernant une offre psychologique/sexologique puis, depuis mai 2022, a créé un Centre Enipse de Ressources en Santé Mentale (CeSaMe) à Toulouse. Tout en luttant contre toutes les formes d’inégalités (sociales, de santé et territoriale…), l’ENIPSE propose des espaces d’échanges pour promouvoir une réflexion sur la santé mentale des personnes LGBT+ afin d’améliorer leur bien-être et leur qualité de vie.
Un dispositif s’est récemment constitué en Île-de-France. Il assure des accueils et entretiens en individuel, mais aussi des ateliers collectifs thématiques centrés notamment pour l’instant sur chemsex et addiction
Nous recevons leurs animateurs lors de notre Bi’Causerie et évoquerons avec eux les éventuels aspects spécifiques aux personnes bi/pan.
Contre rendu
12 personnes en tout participent à cette soirée.
Présentation
Bi’Cause se réjouit d’accueillir les représentants chargés d’accueil et de prévention de l’ENIPSE, Rui et Jérémy, car l’ENIPSE est un acteur majeur dans le cadre de la prévention et de la santé communautaires, et que Bi’Cause est toujours intéressée à développer les partenariats avec les associations expertes, notamment sur la question de santé mentale ; de plus, cela entre pleinement en convergence avec les événements autour du 1er décembre, journée mondiale contre le sida : en effet, mal-être et risques de transmission du VIH et des IST vont souvent de pair.
L’ENIPSE a une grande expérience d’intervention y compris dans le domaine de santé mentale, notamment dans les bars et établissements de la communauté. Dans ce cadre, elle a pu y développer des entretiens à dimension psychologique.
Le CeSaMe a été mis en place à Paris (pour l’instant, dans les locaux de l’ENIPSE 43 rue Amelot Paris 3e, mais un déménagement est prévu à court terme), après avoir été développé en région, à Toulouse.
L’accueil est bien sûr la première garantie offerte par le CeSaMe : de sa qualité dépend la réussite des parcours individuels.
À Paris, le soutien à la personne se matérialise par une équipe de psy, concerné·e·s ou ami·e·s, formé·e·s aux questions LGBTQIA+, et, bien sûr, aux liens entre santé mentale et santé sexuelle ; elle comprend 11 thérapeutes, dont certains sont capables d’assurer des échanges également en langues anglaise ou espagnole, et qui suivent 85 personnes pour des séances de 45 minutes ou plus, à intervalle de 15 jours à un mois. L’équipe est très sollicitée, puisque 70 autres personnes sont en liste d’attente.
Le principe est l’adaptation aux besoins de chaque personne qui consulte, le suivi individualisé avec le·la même professionnel·le et la recherche ensemble du suivi le plus adapté. Les séances sont gratuites, limitées à 10 rendez-vous et peuvent être ouvertes à un·e proche d’une personne LGBT+.
La pertinence du travail de l’équipe est évaluée régulièrement par le biais des enquêtes réalisées auprès de chaque personne en fin de suivi
Le CeSaMe tente de tisser des partenariats avec plusieurs autres structures : Psy.gay·es, les équipes psy des CEGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic), le Centre 190, le Spot Beaumarchais (centre communautaire de santé sexuelle ouvert par AIDeS), l’institut Alfred Fournier, Le CSAPA Monceau, … Il cherche à recueillir les besoins des communautés LGBT+ dans des domaines spécifiques, tels que le vieillissement, le Chemsex (avec le Spot notamment), la transidentité (Acceptess-T), voire… la bisexualité/pansexualité.
Latitude est aussi laissée aux convergences au niveau local (Toulouse, bien sûr, mais d’autres villes en fonction de l’implantation de l’ENIPSE) : à cet égard, l’ENIPSE a aussi développé une intervention d’urgence mais très limitée d’aide psy aux personnes LGBTQIA+ en région via l’accès à des chèques psy (d’une valeur de 40€, avec un reste à charge pour la personne minime,).
La coordination du CeSaMe Paris est assurée par David Friboulet.
La discussion met en avant différents points
Il est pertinent d’avoir une bonne insertion dans la communauté LGBTQIA+, non pour de l’entre-soi, mais pour garantir le meilleur accueil et les réponses les plus adaptées aux besoins de chaque personne. Cela passe aussi par le développement des contacts au CeSaMe et de l’ENIPSE avec toutes les associations intéressée et des professionnel·le·s ami.e.s « grand public » garantissant un accueil inclusif.
Bi’Cause a une expérience de longue date avec Psy.gay.es, puisque les deux assoc’ avaient publié une déclaration commune de garantie « bi-amie », que cette dernière avait énormément aidé au redémarrage de nos groupes de parole dès 2016, maintenant en auto-support, et même que toutes deux ont eu le plaisir de défiler ensemble à la Marche des Fiertés !
Bi’Cause a aussi diffusé un document lors du colloque santé de mars 2017 , et faisait le lien entre la violence de certains rejets (la bisexualité, ça n’existe pas), véhiculés par une société hétérocentrée, mais aussi par certains gays ou lesbiennes, et le sentiment personnel d’illégitimité que cela peut entraîner : « si ça n’existe pas, alors, moi qui suis bi/pan, est-ce que j’existe ?... ». D’ailleurs depuis plusieurs années le rapport de SOS homophobie montre la surreprésentation du « mal de vivre » dans les motifs de saisine de SOS par les personnes bi/pan. De son côté, le rapport d’enquête sur la biphobie/panphobie ouvre également des pistes.
Ont été aussi citées les structures suivantes : Contact Paris IdF, notamment pour les relations entre les personnes LGBT et leurs proches (exemple, jeunes ou adultes LGBTQIA+ et leur/s parent/s), le MAG Jeunes LGBT+ (sur l’aspect spécifique de la santé mentale pour les jeunes)…
La convivialité est indispensable au développement du bien-être (ou du mieux-être), ce que constatent toutes les assoc’ qui interviennent dans le concret et le quotidien. Même dans le milieu professionnel, l’aide que peut apporter l’existence et la capacité de saisir une assoc’ LGBTQIA+ d’entreprise, de collectivité ou de branche est primordiale – certes, on peut espérer que les capacités du CeSaMe augmentent de sorte qu’on puisse développer l’information qui immanquablement entraînera des nouvelles demandes de personnes en besoin d’aide.
La neuro-atypie est à prendre en compte dans toute la société (d’ailleurs le 3 décembre est la journée mondiale de solidarité avec les personnes handicapées). À cet égard, Bi’Cause confirme qu’elle recevra le 11 décembre en Bi’Causerie l’association CLE Autistes (collectif pour la liberté d’expression des personnes autistes), comme le l’a déjà fait dans le passé, et touz tenteront de répondre à la question posée : existe-t-il une corrélation entre neuro-atypie et bi/pan ?…
Au final, cette Bi’Causerie aura été fort riche, et donne envie de poursuivre avec l’intervenante du CeSaMe spécialisée en matière de bi/pansexualité – que nous connaissons de longue date, et qui a contribué à coordonner la brochure sur la santé des femmes « Tomber la culotte #2 ».
Affaire à suivre !
https://www.enipse.fr/category/cesame-sante-mentale/cesame-ile-de-france/
http://www.institutfournier.org/
version validée par les amis du CeSaMei