Brève chronologie du mouvement bi américain

Par Anne

Apparition à San-Francisco

Le mouvement américain de visibilité bi a commencé en 1970 à San Francisco lorsque The Bay Area (un groupe mixte pour la visibilité gaie et lesbienne) demande à Maggi Rubenstein, thérapeute, sexologue et avocate d’intervenir dans un de leurs colloques. Comme seule condition, Maggi exige que la bisexualité soit intégrée dans les programmes comme une orientation sexuelle à part entière. Ayant elle-même fait son « coming out » auprès de ses collègues du Center for Special Problems, elle ne se rend pas compte qu’elle réalise le 1er acte de visibilité bi.

En 1972, le comité Quaker des Amis de la bisexualité fait paraître dans The Advocate, un des plus célèbres magazines gay américains, le « Ithaca Statement on Bisexuality » : c’est une étape importante car c’est toute la population gaie et lesbienne qui est avertie de l’existence d’un groupe organisé autour de la bisexualité. La même année à New York, le National Bisexual Liberation Group produit The Bisexual Expression : la première lettre bi.

Le mouvement de visibilité qui est en train de naître est influencé par l’ambiance après Vietnam caractérisée par beaucoup d’activisme. Pendant ce temps, Maggi Rubenstein œuvre pour que les bi se regroupent et que la bisexualité soit reconnue. Elle est à l’origine du Bisexual Center de San Francisco (SFBC) qui ouvre ses portes de 1976 à 1984. En fait, dès son ouverture, le Centre forme des activistes bi et, à travers son succès, encourage la création d’autres groupes à travers les Etats-Unis.

1974: c’est bi’chic !

Selon Stephen Donaldson, la presse d’après l’Affaire Nixon trouve dans la bisexualité un moyen de parler de la libération gaie tout en intéressant son public. David Bowie, Elton John… la mode bi est lancée mais la presse se concentre sur les stars et artistes bi ayant fait leur coming out plus que sur le mouvement de libération sexuelle qu’il représente.

Les années 80: diffusion et politique

Peu importe le bi chic, les bi des années 80 luttent ouvertement pour que le mot « bi » soit utilisé dans les écrits destinés aux Gais et Lesbiennes et surtout, pour une approche positive de la sexualité. Le travail et l’influence du SFBC se concrétise par la naissance de Groupes bi à travers le pays.

En 1981, Loraine Hutchins crée BiWays à Washington. En 82, à Boston, Robin Ochs est à l’origine d’un débat lesbien sur la bisexualité. Chicago (83) et Seattle (86) suivent le mouvement grâce à des femmes qui, pour la plupart, ont déjà milité dans des groupes féministes et/ou lesbiens. Elles s’engagent dans la création de groupes bi par réaction contre la biphobie qui règne souvent dans les cercles lesbiens et enfin, pouvoir s’identifier entre elles en rompant le silence.

Les années 80 voient aussi les groupes se politiser. Ainsi le BICEP (Bisexual Community Engaging in Politics) à Boston surveille les médias, écrit aux éditeurs, proteste contre la politique homophobe quant à l’adoption des enfants. Ou encore le BIPOL, créé en 83 à San Francisco, qui organise une manifestation devant l’ambassade d’Haïti contre l’arrestation d’hommes gais et bi séropos.

Fin des 80’s: la communauté bi américaine se structure

En 1987, lors de la marche de Washington pour les droits des gais et lesbiennes, 75 personnes marchent derrière une banderole bisexuelle. Les bi ressemblent enfin à un « mouvement ». Anarchistes, hippies, jeunes, ex-lesbiennes : le melting pot bi apporte une nouvelle énergie, la mixité est de retour, et à travers différentes affiliations politiques, le mouvement bi trouve la force de diriger une communauté qui se resserre autour de la dénonciation de la biphobie. BIPOL organise en 1990 la première conférence nationale bi à San Francisco : 400 personnes se déplacent et donnent une image multiculturelle, forte et viable. Anything that Moves, premier magazine bi national naît en 1991, l’année de la première conférence internationale bi à Amsterdam.

En 1992, Maggi Rubenstein est co Grand Marshall de la San Francisco Lesbian and Gay Freedom Parade. Elle luttera avec Lani Ka’ahumanu (la première à avoir parlé de biphobie dix ans auparavant) pour qu’enfin en 1995, la marche s’appelle la San Francisco Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Pride Parade.

Aujourd’hui (en 1997)

Aujourd’hui, le mouvement bi américain est riche de groupes bi mixtes et non mixtes, de groupes de support et d’autres de discussion, de groupes afro-américainEs, juif-ves, étudiantEs, de parentEs et d’époux-SEs de bisexuelLEs. Bref, il existe plus de 350 organisations bi.

Leur diversité témoigne de leur vitalité et de leur raison d’être.

Sources:

A brief history of the Bisexual Movement. Liz Highleyman, 02/95. Publié par le Bi Resource Center.
Bisexual Horizons, édité par Sharon Rose. Off Pink, 1996.
Bisexual Politics, édité par Naomi Tucker, Harrington Park Press, 1995.
Bisexuality de Beth A ; Firestein, Sage Publications, 1996.

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  1. Bicause – Bi!’Cause (la lettre d’information) #3 – été 1997

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