Bi’Cause – la lettre d’information n°1 – Hiver 1996

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Bi’Cause lettre information hiver 96 n°1

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Vous êtes bisexuels ? Nous aussi ! Par Marc

Être bi et le dire, c’est le début de la visibilité. Bi’Cause rassemble, informe et s’affirme. Si vous voyez de la lumière, n’hésitez pas à entrer…

Commençons par des clichés. Celui de l’homme marié, qui profite de quelques moments de liberté pour aller s’encanailler nuitamment dans des parcs. Celui de cette mère de famille, qui va s’abandonner dans les bras de sa voisine de palier. Et cette femme, lesbienne notoire, qui ne peut maîtriser cette attirance pour ce garçon si différent des autres. Et lui, militant gay de la première heure, qui passerait bien la vingt-cinquième à câliner cette fille aux seins lourds.

Et les autres. Tous ceux qui savent qu’entre elle et lui, qu’entre lui et lui, qu’entre elle et elle, tout est possible, tout est permis. Que le sexe de l’autre n’entre pas seul en considération, que le regard, la voix, la beauté ou l’intelligence commandent le désir.
Ils aiment alternativement, successivement, concomitamment; il n’y en a pas deux pareils, et pourtant, ils existent, les bisexuels.

Et si, dans le secret de leur âme, ils savent ce qu’ils sont, s’ils l’ont accepté comme une composante intime de leur sexualité, combien sont-ils, en revanche, à jeter sur leurs pratiques un voile opaque ? Combien se retrouvent seuls avec leurs questionnements, sans endroit où aller, sans amis à qui se confier ?

La bisexualité est un foutu petit point d’interrogation dans les yeux des autres.

Pour les hétéros purs et durs, le bisexuel est un hédoniste pervers incapable de trouver son équilibre dans une relation stable, dangereux pour la société. C’est un ludion insatisfait, qu’on observe toutefois avec une once d’espoir : peut-être n’est-il pas irrécupérable ? Peut-être, une fois ses pulsions homosexuelles satisfaites, rejoindra t-il les rangs des gens normaux ?

Pour les homos, le bisexuel n’existe pas. C’est un gay ou une lesbienne qui n’oserait pas aller au bout de son choix, qui se raccrocherait à une branche de la normalité sociale et qui se duperait lui-même.

Exiger une reconnaissance à part entière, expliquer aux autres notre singularité et la leur faire accepter, c’est le combat du groupe bi. Non, la bisexualité n’est pas l’effet d’un caprice de jeunesse. C’est notre manière d’être bien.

Lieu d’écoute et de parole, de réflexion et d’action, les garçons et les filles qui composent le groupe bi, et ceux et celles qui nous rejoindront, veulent tout simplement exister et pouvoir le dire.

S’approprier sa réelle identité sexuelle – Par Clô

L’humain est complexe, le définir ne ferait que le réduire. Ainsi, on ne peut cerner un individu en ne parlant que de son rôle social (profession), ou que de sa place dans la famille (fils de…, mère de…) ou que de son genre (masculin/féminin).

En fait, l’identité d’un individu devrait être une synthèse harmonieuse des différentes facettes le composant.
Tout être humain a, constitutionnellement, biologiquement, des traits masculins et féminins. En effet, si le sexe « génétique » se trouve déterminé dès la fécondation, la réalisation de l’appareil génital s’effectue par étapes successives dont la première est la mise en place d’ébauches identiques dans l’un et l’autre sexe et ce, jusqu’à la 7e semaine de la vie fœtale. Ce référent commun indifférencié sert de base et se retrouve à chacune des étapes qui conduisent à la sexualité « adulte ».

Donc, l’individu achevé n’est pas une organisation inscrite d’emblée mais une suite de processus de ré -organisation.

Les composantes morphologiques, physiologiques et psychologiques de l’être humain ont leurs racines dans ce creuset biologique puis sont soumises aux influences diverses de l’environnement.

La personnalité d’un sujet puise ses origines dans l’organisme et trouve son épanouissement dans la société, c’est-à-dire dans les interactions qui ont lieu entre individu et milieu.

Chaque individu s’inscrit dans une lignée familiale et dans un groupe d’appartenance qui ont chacun leur code, leur « normes », leurs règles.
Dès la naissance, l’enfant suit les contraintes, l’influence de ces « normes de groupe », sans en avoir conscience.
Il en va pour la sexualité comme pour tous les comportements; la société y interfère en imposant des répressions, des interdits et aussi des modèles présentés comme seuls valables pour le groupe et sa survie. L’Humain occidental pris dans un modèle « judéo-chrétien » érigeant le couple hétérosexuel comme idéal, refoule toute autre hypothèse affective. Ce n’est au prix d’un retour sur soi-même, d’une conscientisation qu’il peut redécouvrir en lui, des composantes jusqu’alors insoupçonnées; pour celui qui a gardé de fortes séquelles de l’ambisexualité originelle, il sera alors possible de s’approprier une réelle identité bisexuelle.

Dix questions pas toujours sans réponse – Par Catherine Deschamps, co-auteur du livre « La Bisexualité : le dernier tabou » (Ed. Calmann-Levy)

Que dit-on des bisexuels ? Et que disent-ils d’eux-mêmes ? Hétéro ou homo ? 20%, 40%, allez, 60% bi ? A questions idiotes, réponses 100% garanties sincères et véritables. Même si elles ne sont pas toujours politiquement correctes.

Pleins feux sur les clichés de la bisexualité.

annonc11) La bisexualité n’existe pas !
C’est une affirmation que l’on pourrait discuter à l’infini. En revanche, les bisexuels existent bel et bien, puisque nous sommes là, de chair et d’os! Et puis, si nous n’existons pas, pour quoi sommes-nous sujets, au mieux, de tant d’interrogations, au pire de tous ces clichés’

2) La bisexualité n’est qu’une phase de transition !
Ça dépend. C’est vrai pour certains bisexuels qui finissent par s’installer durablement dans une relation hétéro ou homosexuelle. Pour d’autres, en revanche, la transition doit s’étaler sur l’espace de toute une vie car ils sont toujours bi à 70 ans. Peut-être que la vie toute entière n’est-elle qu’une transition, un passage…

3) La bisexualité n’est qu’une mode!
Rejeter l’incidence de la mode serait naïf. Mais peut-être devrait-on inverser les termes de l’affirmation et constater que c’est la mode qui s’est emparée de la bisexualité. Car enfin, qui oserait nier que les pratiques bisexuelles, si elles n’ont pas toujours été sous le feu des projecteurs, existent de tout temps et en des lieux les plus variés.

4) Les bisexuels sont incapables de se définir !
Si l’on demande séparément à dix personnes qui autodéterminent comme bisexuelles de définir la bisexualité, il est fort probable que leurs définitions ne seront pas exactement superposables. Mais faites le test auprès de dix pédés, dix lesbiennes ou dix hétéros, le résultat ne sera sans doute pas beaucoup plus probant. A cela rien d’étonnant puisqu’une définition individuelle se nourrit aussi de vécus personnels, et que, par chance, ceux-ci ne sont pas tous identiques.

Ainsi, la question est de savoir pourquoi on devrait davantage imposer aux bis la nécessité d’une homogénéité.

5) Les bisexuels sont des traîtres à la cause homo !
Le fait d’être bi n’empêche en rien de militer au côté des gays pour plus de droits et pour une meilleure acceptabilité sociale ; nous y avons tout intérêt. Être bi, c’est, entre autres, être homosexuel. Les bis rencontrent les mêmes problèmes de discrimination, de violence verbale et physique, de moquerie.

Quelques bis sont homophobes, peut-être, mais n’avez-vous jamais rencontré de pédés homophobes ? Et quand, dans certains milieux, s’affirmer bi s’avère plus difficile que se dire pédé ou goudou, n’y a t-il pas des questions à se poser ? Espérons qu’il y a de la place pour tous, dans le respect de chacun.

6) Les bisexuels sont incapables de choisir !
Depuis quand le choix implique t-il l’unicité? Avoir deux objets de désir (hommes et femmes) résulte d’un choix au même titre que n’en avoir qu’un.

Indépendamment de l’orientation sexuelle, quelle place est réservée au choix dans toute forme de sexualité?

7) Les bisexuels sont forcément infidèles !
Les bis, tout comme les hétéros ou les homos, sont parfois infidèles. Mais ni plus ni moins. Un bisexuel ou une bisexuelle peut-être en même temps avec un (des) homme(s) et une (des) femme(s), ou tour à tour avec une femme puis un homme, en restant exclusif sur chacune de ces périodes.

Mais, d’une certaine façon, peu importe: les bisexuels ne sont pas plus obligés que d’autres de tomber dans les pièges de la justification. Ils n’ont ni plus ni moins que les autres le droit d’être multi-partenaires si bon leur semble!

8) Les bis sont tous des obsédés sexuels !
On aimerait bien dire oui. Mais l’activité sexuelle des bis n’est pas plus débridée que celle de leur voisin de palier.

Les bis développent la même énergie que ceux qui ne le sont pas: multi-partenariat, vie de couple monogame, célibat par choix ou non.

9) Les bisexuels sont sans points de repère !
C’est un peu vrai. En France, il n’y a pas de visibilité bisexuelle, ni même l’embryon d’une culture bi structurée.

Bi’Cause est, à notre connaissance, la seule association de bisexuels de ce pays. C’est pourquoi il faut nous rejoindre et nous soutenir. Enfin, si vous êtes concernés…

10) Les bisexuels sont ceux qui transmettent le SIDA !
Cette affirmation n’a aucune valeur. Ce sont les « comportements » qui sont à risque et non les « groupes ».annonc2

Bi-furcations :

à lire dans l’article témoignages du site :

  • Déjà Don Juan à l’école (Sebi)
  • Question de temps->92 (Anso)
  • Histoire de bi (Adriana)
  • La semaine du bide (Scorpi)

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  1. 1995-1996 en quelques dates -

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