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Compte rendu de la Bi’Causerie Identité de genre du 12/02/07
Par Michel / Marianne
1 – Définition du Genre
Dans la locution « Identité de Genre », il y a le mot « Genre ». Il m’a paru intéressant de voir quelle définition était associée à ce mot.
Dans le dictionnaire, la première définition du mot Genre est décrite ainsi :
« Sorte » ou « Manière ».
Est évoquée ensuite pour ce mot, une définition spécifique au domaine linguistique : Caractéristique grammaticale des noms par laquelle ceux-ci se trouvent placés dans la classe des masculins ou des féminins correspondant soit au sexe, soit à un classement arbitraire. (On dit UNE chaise et UN tabouret)
Le mot « Genre » est également défini par l’ensemble des modes d’activité d’un groupe humain. (Ex : Genre de vie).
On constate, de par ces définitions, que le « Genre » n’est finalement pas si simple qu’il n’y paraît.
On découvre également, plus particulièrement dans la définition linguistique, qu’il s’agit d’un classement lié généralement au « sexe » mais également d’un classement arbitraire.
2 – L’Identité de Genre, qu’est-ce que c’est ?
On peut définir l’identité de genre par la locution « sexe social » par opposition au sexe de naissance, sexe biologique ou sexe anatomique.
En effet, à la naissance, nous sommes toutes et tous défini(e)s par un genre, féminin ou masculin, correspondant à notre sexe anatomique apparent.
Le sexe de naissance est donc le résultat d’un « constat d’apparence », d’une « observation clinique » de nos attributs sexuels apparents.
A l’inverse, le « sexe social » ou « identité de genre » se construit par la personne elle-même. Je citerai en exemple Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ! » et j’aurai tendance à reprendre cette citation en l’enrichissant ainsi : « On naît « être sexué » mais on ne naît pas « être sexuel », on le devient. »
3 – Problématiques et Public concerné
La locution « identité de Genre » est souvent utilisée pour qualifier le mouvement Transgenre.
En effet, le mot originel (et médical !) utilisé pour qualifier l’état des personnes transsexuelles est « Transsexualisme » dont voici la définition : « Pathologie délirante pour une personne de ne pas être dans le bon corps, un homme qui se sent femme ou une femme qui se sent homme. « . Le mouvement transsexuel tout d’abord et le mouvement transgenre par la suite ont utilisé le terme « identité de genre » pour sortir de la pathologie.
A ce titre, le public concerné par ce terme s’en est trouvé élargi.
Outre les transsexuel(le)s (M2F et F2M, de l’anglais « Male to Female » et « Female to Male « ), sont concerné(e)s par cette locution les intersexuel(le)s (personnes qui n’ont pas, à la naissance, de sexe apparent correctement déterminé et que l’on « place » de manière arbitraire dans la classe des masculins ou des féminins, comme en linguistique ! cf. 2 ème définition du Genre), les travesti(e)s (essentiellement des personnes qui se créent un personnage de l’autre genre que le leur dans le but principal d’avoir des relations sexuelles avec des personnes de même sexe anatomique), les « cross dresser » (« habillement croisé » en anglais, personnes qui apprécient de paraître dans le genre opposé à leur sexe de naissance), les androgynes, les hermaphrodites et j’en oublie certainement…
L’ensemble de ces personnes compose le mouvement Transgenre.
En effet, le « sexe social » étant une construction psychologique forte qui s’est définie et renforcée avec le temps, il peut se manifester, par exemple, par la sensation de ressentir à la fois le genre masculin et le genre féminin en « simultané » ou en « alternatif », termes que l’on retrouve souvent dans nos Bi’Causeries et plus généralement dans la bisexualité.
Chacun des « groupes », cités plus haut, constituant le mouvement Transgenre a ses propres valeurs pas nécessairement partagées par les autres : pour les transsexuel(le)s, il y a des leitmotiv forts comme la « dépsychiatrisation », le fait de ne pas faire apparaître le sexe de naissance sur les papiers d’identité (passeport, N° de sécurité sociale, etc.) pour éviter des discriminations (à l’embauche par exemple) et bien d’autres qui ne concernent apparemment pas les travesti(e)s ou les « cross dresser »; ces derniers ne « demandant » qu’à pouvoir être libre de paraître comme bon leur semble (dans la rue, au travail…).
Un point commun initial toutefois pour ces personnes : une certaine forme de confusion dans une société orthonormée et normative ! (Qui suis-je ? Que suis-je ? Quelle sexualité ? …)
Ce « sexe social » est donc indépendant, en théorie, des attributs sexuels. Il concerne la sexualité de l’individu, soit ; mais aussi son style de vie (ou « genre de vie », cf. définition du genre, citée plus haut), son côté sensible ou non et toutes ces choses qu’on attribue de manière arbitraire, péremptoire, au masculin ou au féminin.
Dans ce cadre, l’identité de genre concerne donc tout le monde, tous les individus que nous sommes. Nous avons effectivement toutes et tous un « sexe de naissance » et un » sexe social ».
4 – Genre et sexualité
De ce point commun initial et des questions qui en découlent, il n’y a pas de réponse uniforme toute faite : ce n’est pas parce qu’une personne a l’apparence d’un homme (ou d’une femme) qu’elle souhaite avoir une sexualité d’homme (ou de femme).
Ce n’est pas non plus parce qu’une personne paraît féminine (ou masculine) qu’elle souhaite n’avoir des relations sexuelles, sentimentales et/ou autres qu’avec des hommes (ou des femmes).
Majoritairement, les personnes essayent des relations (sexuelles et/ou sentimentales) avec des personnes qui correspondent à leur genre apparent (un homme paraissant femme avec un autre homme ou une femme paraissant homme avec une autre femme).
Nombre de ces mêmes personnes essayent également avec des individus de même sexe apparent que le leur (là, ça commence à se compliquer : ça peut être un homme paraissant femme avec une femme ou avec un autre homme paraissant femme, etc.).
Entre hétérosexualité (ou homosexualité) apparente et homosexualité (ou hétérosexualité) anatomique : Un genre de confusion des genres !
La bisexualité n’est pas très loin ; vécue ou imaginée, acceptée ou rejetée, assumée ou reniée.
5 – Histoire personnelle
J’en arrive à ma propre expérience personnelle pour celles et ceux qui ne la connaissent pas. Et pour ceux et celles qui la connaissent déjà, veuillez m’excuser pour cette piqûre de rappel.
Tout commence au moment de la puberté, vers 13 ans, avec projection sur les catalogues de « La Redoute » et des « 3 Suisses », rubrique lingerie et tout le mystère pseudo-dévoilé de la femme et de la féminité…
En aparté, dans les pages qui suivaient, rubrique accessoires, entre les cintres et les crèmes amincissantes pour le corps, un objet oblong à côté d’un visage de femme avec écrit en dessous, vibromasseur !
J’ai appris plus tard que ce n’était pas pour les joues !
Pour essayer de percer le mystère de cette lingerie et de la féminité, et bien j’ai essayé les sous-vêtements de ma… mère ! En effet, je n’avais pas de sœur ! J’y ai pris un certain plaisir que je qualifierai de « sexué ».
C’était donc ça : la lingerie provoquait du plaisir mais alors :
« Pourquoi toujours ces slips en coton pour moi ? » » Est-ce uniquement quand on est marié ? »
Quand ma mère m’a surpris avec sa lingerie sur moi, j’ai eu droit à quelques remontrances, sans gravité. Elle m’a tout de même dit que ça ne se faisait pas quand on était un garçon. Ces petits plaisirs ont donc été mis en sommeil mais ils ressurgissaient la nuit, dans mes rêves’
Éveil deux ans plus tard, lors d’un documentaire diffusé sur « Canal + » sur le thème des transsexuelles du Bois de Boulogne, à Paris.
« Mais alors ? Cela existe ? Je ne suis donc pas tout seul ! Mais alors ? Peut-être je suis comme « elles » ? »
Et j’ai commencé mes premiers essais de « travestissement complet », seul, bien caché. Dans le même temps, j’ai commencé à ressentir mes premiers émois et fantasmes sur l’autre au masculin…
Juste un problème : j’étais toujours attiré par les filles… Ma première confusion de genre !
Lors de mes rapports sexuels avec les filles, j’ai veillé à beaucoup d’attentions sur les préliminaires (Vive les livres de mes parents, en l’occurrence deux livres de Xaviera HOLLANDER, « Madam' » et « La meilleure part de l’homme » ainsi qu’un autre, incontournable, « le Kamasutra ») et j’ai commencé à formuler mes premières demandes de « pénétrations légères » de mon anatomie intime : Ma deuxième confusion de genre !
Un accident grave, ma première vraie rencontre amoureuse avec une fille, ma première grosse rupture un an plus tard aussitôt comblée par la rencontre avec une autre jeune fille « de remplacement », poursuite de mes études à Marseille, rencontre avec deux autres filles et tout cela toujours entrecoupée de petits « délires » de travestissement.
Puis montée sur Paris, cette jeune fille « de remplacement » a commencé à compter plus que les autres et que le reste… De nouveau, mise en sommeil de mes fantasmes intime parce que cette personne ne l’acceptait pas !
Jusqu’à un coup de griffe dans notre contrat moral et une tromperie subie : deuxième éveil !
Première sortie nocturne en femme. Éveil de courte de durée : rencontre avec une autre personne, cœur qui bat plus fort, sentiments différents, situation pas simple…
L’éveil final, la bascule eut lieu aux alentours de l’année 2000 : La personne qui vivait chez moi tombe enceinte en 1999, je n’ai rien su et/ou voulu dire à l’autre personne et premier rapport sexuel avec une travestie (homme habillé en femme) en août 2000…
Courant août 2001, la mère de mon fils m’annonce qu’elle a rencontré quelqu’un et qu’elle va partir…
Septembre 2001, première apparition en femme dans un lieu atypique, un endroit hors du commun : La MDT (La Maison du Travesti) et premiers contacts avec d’autres travesties et transsexuelles.
Novembre 2001, séance maquillage chez une « professionnelle », transsexuelle :
Mariane avait pris corps, baptisée ainsi par cette transsexuelle !
Fréquentation plus assidue de la MDT et premiers questionnements personnels sur « devenir trans » courant 2003. Peu de support d’écoute, recherche sur Internet,…
A cette époque, je vivais la journée en homme et la nuit et les week-ends en femme… jusqu’à juin 2004.
Juin 2004 donc, rencontre avec Bi’Cause et une acceptation exquise pour l’inconnu(e) que j’étais !
Juillet 2004, » re-rencontre » avec une femme…
« Et si je pouvais être tout simplement moi ? Moi, avec mon côté mâle et féminin à la fois ? Moi, pouvant paraître en homme ou en femme selon mon envie ? »
« Et si c’était vrai ? » en référence à Marc LEVY que j’ai lu à cette époque.
Quelqu’un m’a écrit un jour pendant cette période-là (juillet 2004, il me semble) :
« Je te souhaite simplement d’être toi. »
Je voudrais dire à cette personne que le souhait qu’elle a formulé est exaucé, que je suis ce que je suis et qu’elle n’y est pas étrangère.
6 – Conclusion
Je souhaite dire merci à Bi’Cause et à ses adhérent(e)s pour ce que Bi’Cause est !
En effet, c’est une association LGBT dont le thème central est, il est vrai, la bisexualité mais qui va bien au-delà de ce relativement simple thème.
Tout le public y est bi’envenue comme nos soirées du même nom, le dernier jeudi de chaque mois pour les distrait(e)s, et pour beaucoup de personnes que j’ai rencontrées au dehors, il apparaît aujourd’hui qu’un grand nombre d’entre eux/elles, y compris dans la population Transgenre, confessent, essentiellement à Mariane, leurs envies/désirs de parler (ou autres) de bisexualité.
En ce qui concerne l’identité de genre, comme je l’ai évoqué tout à l’heure, elle nous concerne toutes et tous.
Pour certain(e)s, il y a harmonie entre sexe anatomique et « sexe social », pour d’autres non et pour d’autres encore, c’est « entre les deux ».
Et pour parodier Patrick, notre trésorier bien-aimé, je dirais : « Et alors ? « .
Du moment que les personnes sont prêtes à évoquer leurs différences, elles ont déjà fait le premier pas.
Et « même un chemin de mille lieux commence par un pas ! » (Proverbe japonais).
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