familles et parentalité – Défis d’expression des 20 ans#12

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Dans le cadre du défi d’expression pour les 20 ans de Bi’Cause, pour le mois de décembre nous vous proposons le thème “Bisexualité / pansexualité et familles et parentalité : Parents, couple, enfants » Nous attendons vos proposition que vous voulez nous faire découvrir.

Vous retrouverez la présentation de l’événement sur la page https://bicause.fr/un-nouveau-projet-pour-2017-defis-dexpression-des-20-ans/

Les contributions seront publiées sur :

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À vous de jouer.

Les contributions

 Par Vincent-Viktoria

Avoir 20 ans à Bi’Cause, c’est beau, parce que c’est une grande famille.

« Famille, je vous hais ».Sans plagier André Gide, je connais un film (« Family life ») qui a tout construit sur cette phrase, le troisième d’un parfait inconnu, à l’époque, qui s’appelait (et s’appelle toujours) Ken Loach.

Il développait la thèse de l’anti-psychiatrie, et je me souviens de la scène où, pour « troubles de comportements » de l’adolescente, l’entretien chez le psy tournait au grand désavantage de l’institution… familiale, qui se trouvait être parfaitement pathogène. Décapant, comme l’avait été, autre film anglais de 1968 (!), « If », avec un Malcolm Mc Dowell débutant.

Est-ce une règle ? Faut-il mettre à bas la famille ?

De nombreuses personnes l’ont cru à cette période. Venant d’une famille catholique alsacienne un peu traditionaliste, je l’ai cru aussi. Et puis l’âge aidant, j’ai profité des bons moments, et aiguisé mon esprit critico-constructif… Jusqu’à trouver la famille de cœur et d’action de Bi’Cause.

À 23 ans, je me suis mis·e en ménage avec ma compagne (qui m’avait honteusement dragué·e). Elle a ensuite récupéré ses enfants qui avaient à l’époque 5 et 7 ans, puis 2 ans après nous avons eu une fille ensemble. Sans jamais nous marier (on a des principes, nom de nom !), nous avons construit en tout 20 ans de relations (euh… marquées par ce qu’on appelle maintenant la polyamorie), acheté ensemble une petite maison de campagne, vécu des galères et les moments pénibles de décès de parents, eu des grands bonheurs, et qui perdurent, car 20 ans encore après notre séparation, nous nous retrouvons avec plaisir en fêtes… de famille.

Il y a 26 ans, j’ai rencontré la dernière compagne de ma vie, j’ai (un tout petit peu) contribué à élever son garçon… sans que nous vivions ensemble. Nous ne l’avons fait qu’un peu moins d’un an, car la maladie l’a emportée bien trop jeune. Elle reste gravée sur ma peau. Nous n’avons jamais pensé nous marier, mais nous nous étions pacsé·e·s in extremis. Avons-nous alors fait famille ? Oui, formellement, mais sans le côté institutionnel. Et je sais qu’avec sa mère, avant son décès qui l’a emportée soudainement un an après sa fille, j’avais un rapport un peu étrange, d’une quasi-belle-mère qui me demandait avant chaque manif syndicale si j’y allais et si on pouvait s’y retrouver… Tiens, une autre famille, la famille syndicale ! Quant aux petits-enfants de ma compagne… encore deux têtes blondes qui m’appellent « Papy ».

Et puis j’ai eu la chance de rencontrer la personne que j’aime, et qui m’aime, et nous le faisons comme nous sommes, avec nos contradictions, nos différences et nos affinités. Un jour de fin 2011 un ami, maire-adjoint, nous a proposé de nous marier… aux antipodes de nos convictions, car nous militions – davantage que pour le droit de se marier – pour le droit (et non l’obligation) de ne pas se marier, quand on a été assigné « de même sexe » à la naissance.

Tempête sous une paire de crânes. « Mais c’est symbolique, le droit n’existe pas (à l’époque) dans la loi… et ce serait chouette si je mariais un couple de bi »…

« Oui, à condition que ce soit pour de faux, et qu’on ne soit pas obligé·e·s de transformer l’essai ».

Fin de l’épisode… la majorité municipale de l’époque ne l’a pas voulu au moment dit.

Mais on aurait encore fait exploser le concept de famille !

Un jour la demi-sœur aînée de ma fille m’a dit « pour moi, tu es mon père ! ». J’ai protesté « ben non ! ». Alors elle m’a expliqué avec patience que je n’étais, certes, pas le géniteur, mais que j’avais été sa référence. Depuis, je me suis familiarisé·e avec le concept de « projet familial » (ou parental), et fort heureusement, j’ai coupé définitivement avec le seul mode stéréotypé (que m’avait légué mes parents) de la famille « nucléaire » avec des parents « classiques », la petite graine etc. D’ailleurs, j’ai le meilleur propagandiste contre les délires sectaires de la (mal nommée) « manif pour tous », en la personne de mon dernier petit-fils – qui pourrait résister à son sourire ? -, choyé par ses cousins et cousines… qui lui sont une cousinade de cœur, où l’on chercherait en vain les chromosomes communs.

Donc, je hais le concept de cette famille, et je milite pour « les familles », multiformes, hétéro, homo voire transparentales, qui permettent au mieux (ou au moins mal dans ce monde troublé) l’accueil de l’enfant. Parce que, au final, c’est elle·lui qui compte, et qui fera la société de demain, plus ouverte, et qui accepte pleinement… les bi, pan, non binaires, et même, les plus à plaindre, ces pauvres hétéro ! Un vrai défi.

Vincent-Viktoria, 13 mai 2018, à 20 ans et 352 jours de vie de Bi’Cause !

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