Biphobie de la part d’une lesbienne, au festival lesbien et féministe Cineffable :
Voici le mail que j’ai envoyé à Cinefable :
Je suis allée, hier, le vendredi 1 novembre, au festival Cineffable, festival lesbien et féministe. Au cours du visionnage d’un court métrage, The Confession of father John Thomas, où il a été rapidement question d’une bisexuelle, une femme a dit tout fort dans la salle « salope » puis « traîtresse».
En tant que bisexuelle, j’ai eu l’impression qu’on me disait « salope » en face, entre quatre yeux. Car le compliment s’adressait à moi, même indirectement’ J’en ai été choquée.
A la fin du visionnage, je suis allée lui en parler. La femme a été confondue et a dit pour sa défense qu?elle parlait d’autre chose, mais pas de la bisexuelle. Ah bon « Il s’agit d’un hasard très très malencontreux » Puis elle a dit que c’était de l’humour. Ah bon ? Et « sale gouine », c’est de l’humour, ça aussi ? Malheureusement, nous n’avons pas le même sens de l’humour…
C’est d’autant plus choquant, que cela s’est produit dans le contexte d’un festival qui lutte contre les discriminations à caractère sexuel. Même si ce festival est lesbien, je pense qu’on ne peut pas s’arrêter là et ignorer les autres discriminations envers les autres personnes LGBT.
Je ne sais pas si cette femme biphobe est une exception ou si elle reflète l’état d’esprit de l’ensemble des festivalières (j’ose espérer que c’est la première option).
Mais comme, apparemment, l’égale dignité entre lesbiennes et bisexuelles n’est pas reconnue par tout le monde, je pense que ce serait bien de faire une annonce en une minute à toutes, pour leur expliquer qu’il y a eu des insultes biphobes dans le cadre du festival et rappeler que vous êtes contre ce type de comportement.
Qu’en pensez-vous ?
Sinon, le festival était intéressant : beaucoup de courts métrages m’ont plu et la conférence sur le point G était passionnante.
PS : J’envoie une copie de ce mail à SOS Homophobie, à Bicause, dont je suis adhérente, et au centre LGBT.
Voici la réponse de Cineffable :
Bonjour,
Désolée pour cette réponse tardive mais nous sommes toutes sur le pont…
Cet incident est heureusement rare, le festival se déroule toujours dans une ambiance d’échanges et de partage où les propos « -phobes » n’ont pas leur place. Nous espérons que vous avez pu le constater à d’autres moments et profiter du festival.
Il est difficile de répondre sur l’idée d’une annonce, nous devrions en parler en groupe (c’est le principe de fonctionnement de l’association), mais le temps va nous manquer, nous sommes toutes affairées à différentes tâches pendant le festival.
Néanmoins sachez que votre message a été transféré aux organisatrices.
Voici ce que j’en pense :
Ce dérapage langagier n’est certes pas de la faute de Cineffable, qui m’a réaffirmé son rejet de toutes les « phobies », et m’a assuré que c’était un accident exceptionnel, ce que je veux bien croire. Néanmoins, Cineffable n’a fait aucune action de réparation, à part transmettre l’information à sa direction. De plus, je suis la seule à m’être plainte, alors que d’autres femmes (pas toute la salle) ont entendu ces mots. Et c’est grave, car cela montre l’indifférence de certaines lesbiennes face à la biphobie.
Quant à moi, je ne suis pas d’accord avec la politique de Cineffable : la mienne est d’abolir les barrières lesbiennes/bies/trans, d’associer ; tandis que la leur est de les maintenir, de diviser. Cette vision est ancienne, et à mon sens, dépassée : aujourd’hui, il est bon d’associer aux autres les bis et les trans, qui sont plus récents sur la scène lgbt (anciennement gai et lesbienne, nouvellement lgbt, justement), ce qui se fait avec l’Inter-lgbt. Lors d’une discussion informelle avec deux organisatrices de Cineffable, elles ont dit que les lesbiennes faisaient leurs réunions entre elles et que les bis, les trans faisaient leurs réunions entre eux/elles. C’était on ne peut plus clair.
J’ai proposé qu’on associe sur l’affiche « festival lesbien, bi, trans, et féministe », mais elles ne le veulent pas. Elles pourraient au moins mettre un PS sur l’affiche comme quoi les femmes bies et trans sont aussi acceptées, et pas seulement que c’est « réservé aux femmes » (terme flou, non défini : qu’appelle-t-on une femme ? Un trans est-il considéré comme une femme, comme un homme ou comme les deux ? Et les intersexes ?), pour que cela soit écrit noir sur blanc qu’on est les bienvenues. Elles m’ont juste dit oralement qu’en tant que bie, j?avais le droit de venir. Ouf !
Cette vision des choses a pour conséquence de ne pas lutter contre la biphobie et la transphobie, et d’invisibiliser la bisexualité et la transsexualité. Comme par hasard, c’est dans cet événement purement L que des propos biphobes ont été dits, par des lesbiennes qui croyaient être entre elles, sans les traîtresses au service des hommes. De tels propos n’ont pas été dits dans les événements ouvertement lgbt… Il y a un lien entre théorie et pratique : donc, pour avoir une bonne pratique, il faut avoir une bonne théorie. A bon entendeur, salut !
Sur l’ancien site plusieurs discussions ont eu lieu suite à cet article. Les voici.
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