Taiwan Pride fête ses 20 ans : un mois des fiertés militant, festif et… littéraire !

Je suis pansexuel attire par une autre personne sans consideration de son identite de genre

© Yen-Hsiu CHEN

Le dernier samedi d’octobre, malgré la pluie, la 20e édition de la Taiwan Pride a regroupé à Taipei 120,000 personnes dans la rue. Les chars colorés, les tenus sexy, les gens dansaient au rythme de la musique techno. L’ambiance était à la fois militante et festive.

Dans le cortège, on a vu « Kyiv Pride », c’était la première fois qu’un groupe ukrainien participait à la Marche des fiertés à Taïwan. Un membre du groupe Oleksandr Shyn, actuellement étudiant à Taïwan, a dit que cela compte beaucoup pour les personnes LGBTQ+, car la Kyiv Pride n’a pas pu se tenir à cause de l’invasion de la Russie.

On a vu aussi des banderoles des militants pour les droits humains à Hong Kong et au Tibet, ainsi que des groupes étrangers venant de l’Australie, de la Nouvelle Zélande et du Royaume Uni. Y aura-il un jour un groupe français ?

Une exposition rétrospective sur 20 ans de la Taiwan Pride « Walk with Pride » a été présentée pendant un mois au Parc culturel et créatif de Songshan, où les bénévoles de la Marche des fiertés ont proposé des visites guidées.

Un autre événement spécial s’est aussi déroulé dans la ville. Après le succès énorme de l’année dernière, Aesop, une marque australienne, a transformé à nouveau un de ses magasins en bibliothèque de la littérature queer. Pendant quelques jours, les gens peuvent venir prendre un livre de leur choix et gratuitement. De quoi réjouir les amateurs de livres…LGBTQ+ ou pas, peu importe !

Cet événement a eu lieu d’abord à New York, Los Angeles et Toronto en juin 2021. Cette année, Taipei et Taichung font partie des 10 villes accueillant cet événement, parmi lesquelles, Londres, Berlin, Tokyo, Osaka et Hong Kong.

Sur les rayons, on a trouvé les bouquins des auteurs célèbres : Orlando de Virginia Woolf, Maurice d’E.M. Forster, La mort à Venise de Thomas Mann, Si le grain ne meurt d’André Gide, Carol de Patricia Highsmith, la poésie d’Oscar Wilde et les romans de Sarah Waters…bien sûr, on a aussi trouvé des auteures représentatives taïwanaises comme Qiu Miaojin 邱妙津 (Dernières lettres de Montmartre, Les carnets du crocodile), Tsao Lichuan曹麗娟 (Danse d’une jeune fille), Chen Xue陳雪 (Le livre de mauvaises filles, Le Papillon), Zhang Yixuan張亦絢 (L’amour, le temporaire : la mémoire de Nantes/Paris) et Li Kotomi李琴峰 (Danse solo, La nuit de l’étoile polaire brillante), etc.

Par ailleurs, la littérature LGBTQ+ se développe à Taïwan comme un genre particulier et attire de plus en plus d’attention. Suite à la publication d’un livre sur l’histoire de la littérature LGBTQ+ (A queer invention in Taiwan : a history of tongzhi literature) en 2017 et d’une anthologie de la poésie LGBTQ+ (Under the same roof : a poetry anthology for LGBT) en 2019, un recueil d’essais LGBTQ+ a paru en 2022.

En regardant les gens, majoritairement des jeunes, faire la queue en silence pour découvrir cette bibliothèque éphémère, puis feuilleter les livres avec curiosité, j’ai senti que Taïwan évoluait discrètement mais assurément.

*Merci à Corbeau pour la relecture.

Liens :

Taïwan Pride 台灣同志遊行 (le dernier samedi d’octobre)

https://www.taiwanpride.lgbt/information-en

« Visite arc-en-ciel » 乘著彩虹去旅行 proposée par l’Office du Tourisme de Taipei

https://www.travel.taipei/en/fun/tour/details/821