Témoignages (anciennes versions du site)

L’ensemble des témoignages ci-dessous est issu des 2 versions précédentes de notre site web. Ils sont réunis sur cette page, sauf mention contraire, sans tri particulier de dates, de thèmes, d’autrices ou d’auteurs.

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Les différentes rubriques de l'article

Bi’Cause n°1 – hiver 1996

Déjà Don Juan à l’école

Il y a seulement deux ans que je sais que je suis bisexuel. Avant, je n’en n’étais pas conscient. Ou plutôt, je me sentais attiré par les deux sexes sans pouvoir me qualifier de la sorte puisque je n’avais ni les mots pour le dire, ni quelqu’un à qui en parler.

Et puis un jour, il y eut un article traitant de bisexualité dans un magazine. Quel réconfort de lire que d’autres, filles ou garçons, étaient aussi indécis que moi quant à leurs choix sexuels !

Alors, j’ai finalement choisi d’être bi et d’être bien dans ma peau.

Du fin fond de ma mémoire, je ne me souviens pas d’un âge auquel je n’aurais pas été amoureux. C’est à quatre ans que j’ai connu ma première amoureuse, et mon premier copain à six ans. A l’école, j’étais un véritable Dom Juan. J’étais perpétuellement épris de mes camarades hétéros au collège. Au Iycée, mes penchants sont devenus plus mixtes. Puis, mes premières expériences réussies avec les filles m’ont amené à me conduire de manière strictement hétéro afin de chasser « ce vilain désir pervers des garçons qui me donnait une mauvaise image de moi-même et qui aurait pu ternir ma réputation à la fac ». Finalement, après une première année hétéro et une seconde homo, le bonheur total arriva en troisième année : bisexuel. Maintenant jeune adulte, fréquentant d’autres bi, je peux dire que ça réchauffe le cœur de constater qu’on n’est pas seul au monde.

Sebi

La semaine du bide

  • Lundi, ciné avec Luc, scénario soirée incomplet, du coup, rien.
  • Mardi, Marie, un verre à midi, rdv même heure mardi prochain, toujours rien.
  • Mercredi, Raoul vient de se faire plaquer, passe dormir, c’est vraiment fini, plus rien.
  • Jeudi, message laissé sur répondeur de Pierre, à cette heure, rien.
  • Vendredi, Elsa invite quelques amis, Sophie et Paul sympa, dragués et choqués, presque rien.
  • Samedi, course, ménage, papiers, crevé, pas de déprime, mais plus envie de rien.
  • Dimanche, grasse matinée, coup de fil aux parents, zapping, vivement demain, je me sens prêt à tout.

Scorpi

Question de temps

 L’année dernière, à la même époque, j’étais très à la mode puisque la mode était d’être bi. Cette année, je suis toujours et encore bi mais je ne suis plus à la mode des médias (remarquez, je peux devenir cyber !)

Ce n’est pas grave, cet élan d’intérêt pour la bisexualité m’a confortée dans cette voie et m’a donné envie de le crier encore plus fort. D’ailleurs, au lieu m’égosiller, j’ai préféré l’inscrire sur un tee-shirt pour que les plus réfractaires « m’entendent » mieux.

Tous ceux qui prétendent que je ne choisis pas ont raison. Qui peut prétendre avoir choisi d’être homo, d’être hétéro ou d’être bi ? Non, je n’ai pas choisi mais je suis certainement tombée dedans quand j’étais petite…

Et demain, comment tu le vivras ? m’aurait certainement demandé Mireille D.

Aussi bien que cette année à la Gay Pride, entre mon copain et ma copine…

Anso

Histoire de bi

Depuis quand je suis bi? On s’en fout!

La seule chose que je sache, c’est que je suis devenue bi, je ne suis pas née comme ça. Certains hommes, certaines femmes me plaisent, m’attirent et me font bander, à chaque fois pour des raisons identiques et distinctes. Je ne suis pas prête à renoncer à un sexe et n’en ai d’ailleurs pas envie.

J’ai vécu longtemps ma bisexualité dans la clandestinité, sans culpabilité toutefois. Et puis un jour, j’en ai eu marre de me dire hétéro chez les hétéros et lesbienne chez les gays.

Alors je me suis rendue « visible », comme on dit dans les milieux autorisés. Auprès de ma mère d’abord: elle m’a dit que ma sexualité ne la regardait pas, mais que ce qui importait c’était mon bonheur. Plutôt cool, maman, sur ce coup-là!

Ensuite je l’ai dit aux copains et copines hétéros: ils ont trouvé que, de ma part, ce n’était jamais qu’une excentricité de plus. Enfin, ou en même temps (je ne sais plus), je suis « passée aux aveux » auprès des pédés et lesbiennes de mon entourage.

Les mecs se sont marrés, m’ont dit que la bisexualité n’existait pas… C’est charmant, c’était me dire que je n’éxistais pas ! Les nanas ont souvent été plus agressives et m’ont reproché, ô horreur, d’avoir été touchée (contaminée?) par des mains d’hommes.

Ces réactions m’ont un peu (beaucoup) blessée… d’autant que les gays constituaient (et représentent toujours malgré tout) la majorité des gens que je cotoie.

Depuis, je crois que ça change, lentement. Par mon choix de la visibilité, de la lisibilité, pédés et goudous apprennent peu à peu à m’accepter, à défaut de toujours me comprendre. Aussi, bi de tous les pays, unissons-nous! Amen!

Ou Atchoum!

 

Adriana

 

Bi’Cause n°2 – hiver 1997

Cette fille accoudée au bar

Hétéro, homo, homo, hétéro ? Je ne savais plus. Ça tournait trop dans ma tête.

Les garçons, je connais, mais les filles… Elles m’attiraient, mais comme j’avais peur. J’étais même terrifiée.

Un soir, j’ai osé un premier pas dans un bar. Un simple aller-retour, à peine le temps de boire une gorgée. Et puis un autre soir. Et puis une boîte. Avec des copines bien sûr, des fois que je rencontre l’ogresse sur mon chemin. Attirance, répulsion, mon cœur qui tambourine dans ma poitrine.

Et puis cette nuit où j’ai basculé dans ce monde inconnu. Elle était accoudée au bar, superbe, étincelante. Je ne pouvais détacher mes yeux d’elle. Elle m’avait repéré et jouait à m’exciter sans avoir l’air d’y toucher. Je me suis réfugiée sur la piste de danse. Elle s’est adroitement glissée près de moi et m’a soufflé dans l’oreille que je lui plaisais. Je suis passée en lévitation. Un coup de tonnerre permanent roulait dans tout mon corps. S’approchant encore de moi, ses lèvres se sont posées sur les miennes. Et nous nous sommes aimées.

Ainsi donc, je suis bi. Aimer les filles ne m’empêche nullement d’aimer les garçons. Et au moins, même si ma vie sentimentale est un peu compliquée, c’est clair dans ma tête…

Fun

Pourquoi pas ?

L’autre jour avec mon bien aimé, nous évoquions l’idée de vivre plus tard ensemble, heureux dans une grande maison à la condition de trouver une femme ou deux qui partagerai(en)t leur vie avec nous.

Je vois d’ici les yeux ébahis de certains homos qui me lisent: quelle horreur! Eh bien non, messieurs, sachez que pour une partie des jeunes hommes bisexuels, l’un des éléments indispensables pour construire notre vie, ce sont les femmes.

Nous avons l’espoir (peut-être utopique) de trouver celle qui, compréhensive, accepterait de fonder une famille avec nous. Une perle rare. Soyons clairs : je ne suis pas un adepte du triolisme affectif. Ma préférence consisterait à unir deux amants bisexuels avec leurs moitiés féminines, si possible bisexuelles elles aussi, et bien sûr amantes entre elles.

Mon idéal est on ne peut plus simple: je rêve d’un foyer de quatre personnes dont

  • une femme belle, intelligente, sensible, drôle, bisexuelle, amoureuse de moi et de…
  • sa compagne, pleine de qualités elle aussi, qui aimerait en même temps ma femme et…
  • un homme intelligent, robuste, équilibré, attentionné, qui comblerait d’affection en même temps l’heureuse élue et…
  • moi-même, le plus heureux des hommes dans un monde où toutes les différences seraient comprises et, pourquoi pas, acceptées.

Aujourd’hui, je peux proclamer ma bisexualité haut et fort. Pour qu’enfin nous puissions vivre tous à notre guise avec celui, celle, celles ou ceux qui nous plaisent, que nous soyons heureux et que nous ayons (pourquoi pas’) nous aussi… beaucoup d’enfants.

Simon

Du vendredi au lundi

Fidèle du vendredi des femmes du Centre Gai et Lesbien (NDLR: réunion de débats et d’accueil de femmes homosexuelles), j’ai assisté à une réunion du groupe bi.

Le sujet du débat n’est pas très enthousiasmant : l’instabilité. Heureusement, l’ambiance détendue a permis aux langues de se délier et d’aborder des questions percutantes. J’ai pu saisir une réalité qui me rassure et me fait peur à la fois: toutes vos réflexions tournent autour de ce que les autres pensent de vous, et non de ce que vous ressentez pour vous-mêmes. Car apparemment, peu d’entre vous se sentent instables.

Mais vos familles, vos proches, vos amis, et dois-je l’avouer, nous, homos et hétéros, le pensons. Merci à vous de ne pas fermer vos portes aux « étrangers » qui, comme moi, se découvrent (ou se redécouvrent), de continuer à vous respecter, à échanger vos angoisses, vos joies et vos idées… à la lueur de vos cœurs.

Sincèrement, je souhaite longue vie à votre groupe qui, je le pense, m’apportera les réponses aux questions qui continuent à envelopper mes nuits d’un voile sombre.

Longue vie aussi au Bi’Cause qui, plus qu’une lettre de liaison, illustre votre volonté d’aider, de rassembler et d’informer tous ceux et toutes celles qui n’osent pas, qui ne savent pas que vous existez… que nous existons.

Cathy

Premier manifeste pour la création d’un Bictionnaire pratique du français contemporain

Bigre ! bigre ! bizarre bizness, se bilait, exorbité, le bilieux Brisebise, bibliophile de Flers en-Escrébieux ! Car dans sa bibliothèque, Billy et Gaby, bidasses démobilisés et leurs concubines, Sabine et Colombine, bijoutières nubiles en bikini, se biberonnaient le bibelot, se bichonnaient le pubis, le bilboquet, les bigarreaux et tout le bifteck. Quel big-bang! Le binoclard atrabilaire bisqua, vrombit, verbigéra urbi et orbi: bisulfure et bichlorure ! Culpabilité! Et, tel un toubib du bide, il leur débita: « Binômes ambigus, zombies exhibitionnistes, à vos bissacs ! Prohibition de la libido! Esbignez-vous de ma billetterie, bifurquez vers le bitume, ou je vous carabine.

– Débile charabia, lubie de cruciverbiste, verbiage morbide, biaisa Gaby, jubilant. Ne nous débinez pas! cohabitons sans inhibition, ambitionnons l’ambivalence!

– Ibidem! habituez-vous! arbitrèrent Sabine, Colombine et Billy, bidonnés.

Bingo! le bigot, subitement dubitatif, se rabibocha: « Billevesée que cette bisbille alambiquée!… Mes brebis, mes bambinos, bizutez-moi ! Déshabillez-moi, labialisez mon robinet, turbinez-moi la palombière ! »

Nicolas

Bi’Cause n°3 – été 1997

C’est politique

Ça fait au moins cinq ans que je vais à la Gay Pride. Il ne me serait pas venu à l’idée de me balader avec une pancarte rendant visible ma bisexualité.

Aujourd’hui, celle-ci est devenue pour moi un enjeu politique. Et comme toute chose politique, elle doit se donner à voir et à entendre pour avoir droit de cité.

Je serai fière cette année de défiler avec le groupe Bi.

Corinne (printemps 1997)

Pourquoi aller marcher avec les bi ?

Cette Euro Pride sera ma première manifestation homosexuelle. L’an dernier, j’avais « comme par hasard » fait un détour pour me retrouver spectateur du défilé. Je restais sur le trottoir et j’avais peur que ma présence signifie que je sois homosexuel. Je regardais et ne voyais que des gens extravertis, apparemment bien dans leur peau puisqu’ils ne craignaient pas d’être reconnus et… jugés. Moi, je cache souvent ma bisexualité alors que le dire et être visible est utile pour que d’autres le disent à leur tour.

Cette année, j’irai marcher avec le Groupe Bi. J’ai décidé de les soutenir et de les remercier de me donner l’opportunité de ne plus me sentir seul. Je me fiche de ce que les passants penseront. Pour moi, ce sera un acte de solidarité.

Hubert

Pourquoi je ne défilerai pas à la Gay Pride.

Au grand Bivouac de la Gay Pride, ils seront tous là : Homo, Trans, Drag Queen, Biches, Bichons et mes amis de cœur, les Bi…

Ils marcheront tous, sauf moi… car on a beau être Bi et Bipède, on n’en est pas moins humain donc faillible. Bigre… Si ma Foi en la cause Bi est inébranlable, le point faible est du côté des pieds. Bilan : dans la Bienheureuse Bigarrade du Groupe Bi, je ne promènerai ni mes Binocles, ni mes Bijoux.

Comment avoir, sur le Bitume, le cœur et l’âme haBités par LA cause Bi quand un Bidule vous titille la Bidoche côté voûte plantaire ? Quand l’haBitude viendra de défiler en Bicyclette, je vous en fiche mon Billet, je serai en tête du cortège, c’est pas du Bidon.

Clô (printemps 1997)

A quand la Bi-Pride ?

L’an passé, je suis allé à la Gay Pride avec mon copain parce que je trouvais qu?il était utile de militer pour le C.U.S. Mais cette année, le thème de l’Euro-Pride est « Gais et Lesbiennes: pour une vraie citoyenneté européenne ! ». Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi j’irais défiler le 28 juin. Puisque je ne suis pas homo, je ne vois pas quel intérêt j’aurais à réclamer cette citoyenneté qui ne me correspond pas. Ceci dit, si une Bi-Pride se met en place, pas de problème, vous pouvez compter sur moi !

Sylvain (printemps 1997)

Bi’Cause n°4  – Hiver 1997 printemps 1998

Juin 97 : L’EuroBide !

Dix en 96, douze en 97, le monde sera Bi en l’an 3000!

La réussite de l’Europride a témoigné une nouvelle fois de la volonté inébranlable des homo d’affirmer leur existence et leur identité, un courage stimulé par les bassesses et les mesquineries du quotidien… Mais où sont les bi ?

Frileusement repliés derrière une façade qui ne les satisfait pas (souvent hétéro) mais qui leur assure un confort et une visibilité acceptables… Si certains s’autorisent une adhésion à Bi’Cause et participent aux réunions, ne se contentent-ils pas de l’association comme une sorte de franc-maçonnerie ésotérique et secrète où les initiés se rencontrent loin du « commun des mortels ».

Adhérents et Bi de tous les horizons, unissons-nous, réveillons-nous, sortons de nos réserves, informons, parlons, diffusons, OSONS! L’an 2000 doit être bi!

Corinne (hiver 97 – printemps 98)

Bicome

L’Amour s’est dispersé
mais je ne lui dirai pas
que je ne l’aime plus,
parce que ce n’est pas ça.
Et que je ne sais plus
entre la cause, la conséquence…
juste milieu de mon identité
de masculinité ou de féminité
entre l’Amour et l’amitié
j’ai le cœur qui balance
le corps qui entre en transe
entre elle et lui, je danse
sans savoir le tempo
de nos coïncidences
mes pas dans leurs talons
mes yeux dans leurs regards
bien dans Eux
mal dans moi…
Quel aveu
cet émoi.
Il faudra qu’elle comprenne
pour ne pas trop souffrir
qu’elle n’est plus souveraine
qu’il vit dans mes sourires
que je l’aime autant qu’elle
aussi beau qu’elle est belle…

D.H.

Bi’Cause News n° 5 – hiver 1998 printemps 1999

Ma bi-affectivité-sexualité expliquée à mes enfants

Je vous aime, je ne voudrais pas vous mentir.
Mais vous êtes trop jeunes, pour que je puisse tout vous dire.

Je suis votre maman. J’ai aimé des hommes, avant votre père, et aussi après qu’il soit parti. Cela vous le savez.
Ce que vous ne savez pas, c’est que depuis quelques mois, j’aime aussi les femmes.

Quand nous sommes allées à l’anniversaire de votre copain, « Jo le terrible », sa maman nous a ouvert la porte et j’ai eu le coup de foudre.
Je n’ai jamais osé lui en parler, malgré la relation amicale, mais distante, que nous avons eue.

J’ai de l’affection pour elle, et aussi une attirance physique, ce qu’on appelle du désir. C’est nouveau pour moi, ce désir que j’éprouve pour une femme.

Pendant des mois, ça m’a beaucoup perturbée.

Je suis allée au Beit Haverim. J’y ai rencontré des femmes et des mères juives, qui vivent en couple homosexuel. Ça m’a aidé à comprendre.

Je suis allée aussi au vendredi des femmes, du C.G.L.
J’y ai rencontré des personnes très différentes, la plupart plutôt sympas.
Quelques-unes ont eu des réactions de méfiance, un peu comme du racisme, contre les femmes
– qui ont aimé
– ou qui aiment aussi les hommes.

Alors fin juillet, j’ai essayé Bi’Cause.
Je m’y suis sentie plus à l’aise, et bien accueillie, dans la diversité des gens qui la composent.
J’apprécie aussi les diverses activités qui sont proposées, l’ouverture sur le monde, l’absence de ghetto et de pensée unique.

Voilà pourquoi j’ai eu envie de vous écrire, dans le journal de cette association.

Si vous voulez me poser des questions, n’hésitez pas.
Je ne suis ni superwoman, ni supermaman (ça vous le savez), mais j’essaierai de trouver les mots, pour vous dire ma vérité.

Je vous aime.

Rachel

Parfum secret

Le cul entre deux chaises, pas vraiment très à l’aise,
Pour vous dire mon secret,
Mes nouvelles vérités.

Le cul entre deux chaises,
Le cœur pris dans l’ivresse, de l’envie retrouvée…
Comment vous expliquer ?

Je m’étais endormie,
Dans le triste inconfort d’une vie qui s’oublie,
Dans le devoir d’abord.

Je m’étais enfouie
Dans ces rêves sans remords,
Où chaque nuit, mes envies se bâillonnent plus fort.

Un soir, avant l’été,
Fenêtre entrebâillée par son souffle épicé,
Je me suis réveillée.

Un soir, avant l’été,
Le vent m’a fait goûter, cet air chaud et sucré…
Je m’en suis enivrée.

Vent d’amour… J?ai osé !
Les questions déplacées ne peuvent plus se poser.
Elles se sont envolées !

Vent de vie… Équilibre !
Ce souffle m’a fait vibrer, comme une note libre.
Le vent m’a inventée.

Rachel

 

Bi’Cause News n°6 – printemps 1999

D’un coup de langue…

(le péril catho)

Chasse aux sorcières
Assassinats de femmes-médecine
Croisades
Barbares qui pillent, massacrent, violent
Évangélisation
Analphabètes partout, pensée nulle part
La mère Thérésa, son refus du stérilet
Peur du chômage
Geste classique du futur mourant
S’accrochant à son pouvoir
Le père Wotjyla, son refus de la capote
Mène à la mort des millions d’innocents
Le père, la mère, le Saint-Esprit
La seule trithérapie au paradis
La mère Boutin
Cette insulte à la femme et à l’humanité
Jean et Jésus
C’est pourtant bien connu
C’est très chrétien
Le règne des cathos
Çafait mille ans
Alors imagine
Trois jolis doigts
Qui tiennent un stylo
« Veuillez me rayer des listes de baptême »
D’un délicieux coup de langue
Sur le timbre
Le cachet
De la jolie postière
Ou du joli postier
Qui fait foi :
« Je ne suis plus catholique »

Laurent

La vie de couple selon Sacha

La vie à deux, le plus souvent, ce n’est pas une vie de couple, mais une vie de coups, une vie de cons. J’ai vu tant de couples mal assortis, à la fois haineux et complaisants, pour lesquels le seul enjeu était le pouvoir, imposer la couleur du canapé ou voler des plaisirs au nom de la liberté individuelle, rejeter le désir de l’autre pour justifier ses propres frustrations… Dans l’idéal, vivre en couple, se marier, avoir des enfants, c’est créer la « vraie famille dont on a rêvé et qu’on a jamais eue ».

En réalité, c’est surtout reproduire la mauvaise famille dont on est issu, restaurer en plus caricatural la foutue famille sur laquelle on a craché jadis, donner un semblant de légitimité à une association équivoque, de circonstance ou de convenance…

La plupart des couples se détestent et ne veulent surtout rien y faire. La dépendance matérielle, symbolique, sociale et affective est telle pour l’un comme pour l’autre, qu’ils se refusent à se séparer parce qu’ils savent que ce qu’ils ne parviennent pas à faire ensemble, ils seront incapables de le faire seuls : vivre en couple est plus confortable que la solitude : c’est avoir « pignon sur rue », voyager en emmenant avec soi le gigolo ou la pute avec qui l’on couche (c’est si dangereux maintenant de baiser au hasard), de faire des enfants, d’avoir l’air socialement correct, comme tout le monde !

Se marier c’est prendre le goulot d’étranglement, entrer dans la bouteille de formol où l’on finira comme un fétus avorté, individu incomplet, étouffé, à jamais momifié, étranger à l’amour, exilé de la vie.

Tout le monde parle de l’amour et il n’y a que des arrangements, des espoirs distincts, parfois inconciliables, inscrits entre les lignes d’une même liste de mariage, des attentes démesurées qu’on sait l’autre inapte à combler. Tout le monde parle de confiance et il n’y a que des faux-semblants, des déguisements, des mensonges. A l’intérieur du couple, c’est chacun pour soi, autant dire que c’est la guerre. Et le sentiment le plus fort, c’est souvent le mépris.

Sacha

1, 2, 3, nous irons au bois…

Comptine personnelle et friponne,
sans rime ou presque

1, 2, 3, la vie c’est sympa.
L’arrivée s’est faite en douceur, tout va bien, je découvre.

4, 5, 6, mon père n’est pas de service.
Il est lointain, moins physiquement que par sa faible envie de vivre. Il communique peu et ne donne pas d’explication, j’ai l’impression qu’il s’est caché dans sa tête. La cause de ce malaise est une énorme déprime dont il est le seul à connaître les raisons. Je vis mes premières crises d’angoisse, rares mais surprenantes.

7, 8, 9, qui assure ? Les meufs !
Ma mère comble le vide dû à la démission paternelle, et s’en sort assez bien. Elle déconne un peu avec son autorité naturelle, mais fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a. Mon père aussi, mais avec ce qui lui reste. Je découvre que mes voisines sont charmantes.

10, 11, 12, ébauche d’une scène en douze.
Mon premier contact avec un garçon a lieu dans les toilettes du collège. C’est troublant et bon. Plusieurs fois nous nous sommes retrouvés et brutalement nous avons cessé, sans rien dire. Je ne sais plus si cette rupture a eu lieu avant ou après l’incident qui suit.

13, 14, 15, pour m’apaiser, dorénavant seuls seront efficaces les oinjes.
Car un de mes oncles a joué au pendu, ce qui n’est pas grave pour la planète mais désagrégeant à mon échelle. Nous étions liés et tout s’est figé. L’incident et ses répercutions sont très mal gérés par le groupe familial. Je décrète que c’est de la faute de tout le monde, de la mienne en particulier, et m’enferme dans un monde dédié à l’enfance et aux plaisirs, à la vie quoi. Les crises d’angoisses reviennent périodiquement. Pas de nouvelle expérience homo, mais une nostalgie de la première.

16, 17, 18, des pensées me parasitent.
Elles flottent, troublantes, dans mon esprit, rêveries remplies de femmes… et d’hommes, et sont sublimées dans les amitiés, riches et constructives.

19, 20, 21, l’ignorer est vain.
Ma bisexualité se confirme par une fréquentation des toilettes, bois et autres queues d’étang, où je rencontre des hommes et des couples. Poussés par la norme, une camarade et moi nous mettons en ménage, sans évoquer nos différences hélas, c’est l’os.

22, 23, 24, normal que ça rate.
Le couple n’est pas stable, aucun de nous deux n’est construit, et je faute souvent, par pulsions. Ma bi-affinité n’est pas gérable dans cette première expérience de vie commune et nous nous séparons. C’est très perturbant car je m’étais juré de ne jamais faire de mal à quelqu’un dans son âme.

25, 26, 27, explosion en cours de quête.
A 25 ans, tout ce qui n’a pas été libéré à 13 ans, tout ce qui est resté enfoui pendant des années et a fait tourner mes réflexions en boucles infinies, se libère, ou plutôt explose, au point que je demande un soutien médical. Mais ouf, avoir tout remis en cause me permet de reconstruire solidement. Ces années là sont les plus difficiles, je veux rester et digérer.

28, 29, 30, la norme me hante.
Sous l’influence du modèle familial et de la solitude, une amie de fraîche date et moi tentons une vie commune. Deuxième échec, pour les mêmes motifs que la première fois. Je vérifie par l’expérience ce que je pressentais, essayer d’être autre chose que soi même est une erreur grave. Nous nous séparons. Heureusement, tout va bien au boulot, maigre mais concrète consolation.

31, 32, 33, enfin j’y ai droit.
Bi’Cause est arrivé, c’est une libération, le début d’un espoir de ne plus… être seul, me cacher, faire semblant… et enfin… ASSUMER, RENCONTRER, AIMER et VIVRE ! ! ! Fin du malaise, tout le monde descend, crises d’angoisse comprises.

1, 2, 3, j’ai à nouveau confiance en moi.
Je suis serein puisque je sais que vous existez, bis de
Paris, de Grenoble, d’Auch, d’Houilles, d’Eu ou
d’ailleurs.

Voilà mon histoire résumée. Elle développe peu les difficultés que j’ai éprouvées à gérer ma bisexualité, à trouver une place dans un monde qui à mon goût dissocie trop les côtés hétéro et homo de la vie. A partir de ces expériences et d’observations, je ne conclus pas que c’est moi l’élément instable ou mal placé, je pense plutôt que les modèles existants ne sont pas complets, donc pas satisfaisants. Je doute même beaucoup qu’il soient mieux adaptés à la société future que les modèles bis naissants, dans lesquels je suis sûr nous pouvons tous grandir, qu’une cellule familiale peut trouver sa place et être un cocon plus constructif que celui que j’ai connu.
Tout est à créer, alors créons.

Yves

Intimité

Intimité, jardin secret,
Parler de sexe n’est pas aisé.

Votre père y a planté ses graines,
De loin il vous regarde pousser.
Il ne doit pas y avoir de haine,
Entre deux êtres que vous aimez. Intimité, chagrins secrets,
Parfois s’y cachent des regrets.

Les hommes qui passèrent, après lui,
Pour quelques mois, ou quelques nuits,
Ne mirent pas beaucoup de cœur,
A y cultiver le bonheur.

Il faisait de plus en plus frais,
Et mon jardin a hiverné.

Une couche de givre, un froid matin,
A recouvert tous les câlins.
Sur la pelouse, mes herbes gelées.
Ne savent même plus s’affoler.

Soudain, comme un printemps tardif,
Ma terre s’est retrouvée à vif,
Nouveau regard, posé dessus.

Envie rebelle, inattendue.

Intimité, jardin d’été,
C’était un curieux jardinier.

Qui de sa bouche coquelicot,
M’a soufflé ses mots les plus chauds.
Et sous ses doigts, pétales de rose,
S’est réveillée l’envie que j?ose.

Nouvelles pluies, nouveaux désirs,
Lueurs, arc-en-ciel du plaisir.

Et mon gazon a reverdi.
Il n’y a pas d’amour maudit,
Juste des vérités qui dérangent…
Ceux qui voudraient que rien ne change.

Au jardin de ma vie privée,
Les questions qui se sont posées,
Ne troublent même plus mon sommeil !

Que m’importe le sexe du soleil.

Rachel

 

 

Autre

Apparemment, il ne fait pas bon être Bi (ou gay) en Rhône Alpes !

En tout cas, si vous venez de Paris, capitale du vice et désirez une place bien mérité (super dossier sur 10 ans) à Valence, mais avec une réputation « bruits de couloirs » d’être HOMO, l’on vous demandera plutôt d’aller voir dans une autre ville, un trou perdu (sans jeu de mot!) quitte à ce que vos connaissances soient perdus pour tout le monde! La question est :

Comment peut on être un haut fonctionnaire de Valence, alors qu’on croit que « la tolérance » est une rue parisienne ?

Une chose est sure, à la trésorerie, vous ne trouverez sûrement pas de PD !

Phil

Lettre d’un amoureux de la nature

J’aimerais vous raconter brièvement quelques années de ma vie et peut-être tenter de vous faire comprendre qu’il n’est pas facile d’être père et bisexuel, bien que ce mot ne me plaise pas pour définir… oui pour définir quoi d’ailleurs : l’amour ? Seulement il y a un problème car dès lors que l’on parle de définition cela renvoie au raisonnement et l’amour c’est bien connu ne connaît pas la raison. Ou comme dit l’autre: l’amour a ses raisons que la raison ne connaît pas.

Bon, trêve de plaisanteries. A l’âge de seize ans j’ignorais si j’étais homo ou bi, mais il y a une chose que j’aimais profondément c’est la nature (c’est encore vrai aujourd’hui). J’ai eu avant cet âge quelques amourettes avec des filles et des garçons aussi. A 19 ans j’ai rencontré un garçon super sympa. On était souvent ensemble, on faisait la fête et un jour on s’est retrouvés dans le même lit, c’était pas la première fois, mais cette nuit là était la première, car on a fait l’amour. Ensuite on s’est trouvé cons et puis on a décidé d’assumer. C’est alors qu’on a vécu près de cinq ans ensemble. Puis il a rencontré une jeune femme, elle est venu plusieurs fois dans notre appartement… Ensuite nous avons vécu tous les trois ensemble, pendant près de dix ans… puis c’est devenu difficile, les relations à trois se sont compliquées. Finalement Pierre est parti. Il est toujours resté mon meilleur ami, notre meilleur ami. Cette jeune femme et moi avions un désir commun: faire des enfants. Aujourd’hui avec Isabelle nous avons deux enfants. Pierre a entamé une psychanalyse qui a duré cinq ans. A la naissance de notre deuxième enfant je décidais à mon tour de commencer une psychanalyse.

Le trente juin de cette année je viens de terminer ce travail, durant cette période j’ai aussi fait des études universitaires. Après toutes ces années d’expérience, de réflexion, de recherche, il y a une chose dont je suis sûr en ce qui me concerne: c’est que je suis et demeure un amoureux de la nature, dont l’homme et la femme sont un maillon. Aujourd’hui je revendique mon choix: j’aime la femme et j’aime l’homme et ce choix n’est pas contre la nature, il fait partie de la nature. D’aucun peut trouver cela monstrueux, mais je lui répondrais que la monstruosité fait parti intégrante de la nature et puis « la monstruosité » n’est-il pas un concept subjectif? J’adore mes enfants et je crois être un bon père. L’éducation commune que nous avons envers eux ne vise que leur bonheur. Si je leur transmets mon amour de la nature, je me garde bien de projeter intentionnellement mes désirs. Je ne vous cacherai pas toutefois qu’il m’arrive d’avoir hâte qu’ils deviennent adultes pour entendre leurs critiques sur leurs parents et peut-être plus particulièrement sur leur père! Mais il n’y a pas le feu, car j’ai aussi envie de profiter encore pleinement de la nature! bref de ne pas vieillir trop vite!

Au revoir et bisous à toutes et à tous.

Philippe

Bi’Cause I LOVE YOU

Vendredi 5 octobre 2001

Heureux (et le mot est faible !) de découvrir sur le net l’existence de votre association.

En quelques mots: court bref et… pas long !

Hétéro ? Homo ? Bi ? je ne sais pas ! La seule chose dont je suis certain: j’aime les femmes comme j’aime les hommes.

Journaliste, j’ai le contact facile et ne suis pas isolé ( j’ai des potes et j’aime la vie)… je souhaite néanmoins partager avec vous soit en montant un jour à Paris, soit par le biais du net ou du courrier parce que j’ai le sentiment de correspondre à vos critères…

Explications…

Sans doute suis-je ce que vous appelez un bi …
Cela se traduit ainsi sur le plan de ma personnalité:
Au cours d’une soirée, je ne me sens jamais complètement à l’aise lorsque je suis en compagnie d’hétéros uniquement ou en compagnie d’homos uniquement.
De la même façon:
Seul avec d’autres hommes la compagnie d’une femme me manque
Seul avec d’autres femmes la compagnie d’un homme me manque
Je précise cependant que seul in a bed avec une femme: je ne vois qu’elle ou seul avec un homme : je ne vois que lui
Je n’échange pas… you know what I mean !
Aujourd’hui, à 40 ans, je ne me pose plus trop de questions.
Les rencontres de la vie (much better que les psy -in my opinion-), m’ont appris une chose: sois toi même et aimes toi tel que tu es… et puis aimes la Vie (sauf la connerie humaine)…
Au fil des rencontres avec des bis , je remarque qu’ils ont comme un petit quelque chose en plus, qu’ils sont prédisposés (de part leur nature humaine et donc sexuelle ) à aimer, à comprendre tous les êtres (sans exception), à refuser d’enfermer les autres dans leur couleur, leur religion, leur passé.. même les cons… en un mot une ouverture d’esprit !
Je remarque aussi des goûts très éclectiques dans de nombreux domaines
Le côté positif de la chose sur le plan sex : beaucoup plus d’opportunités… super ! mais pour trouver l’âme sœur !… qui peut comprendre un jour le désir d’être avec elle et un autre jour… d’être avec lui….

Une chose certaine : celles et ceux que je rencontre, semblent disposer d’une profondeur d’esprit et d’une qualité d’âme qui sortent de l’ordinaire.
La suite au prochain épisode…

François

Je veux les 2

Je vis actuellement une histoire d’amour avec une femme (après 10 ans de vie homo).

Je ne me cache pas d’elle. Elle avais déjà eu des expériences avec des femmes et elle peut comprendre. Elle m’a pourtant dit aujourd’hui qu’elle n’aimerait pas me partager.

Pourtant, depuis que je la connais, je passe parfois la nuit avec un beau copain avec qui je me sens bien. Il sait que je suis bi.

Je ne donne pas de détails et de précisions à ma copine. C’est mon jardin secret.

Comment je gère ? C’est ma relation avec elle que je privilégie. C’est avec elle que je passe le plus de temps, c’est avec elle que je parle de mes émotions. Je le lui ai dit.

Je lui ai dit aussi qu’elle ne pouvait m’enfermer dans une cage. Je lui ai dit que si je pouvais être si ouvert et si bien avec elle, c’est justement parce que je pouvais aussi permettre à l’autre partie de moi-même d’exister.

Je ne peux nier une partie de moi, je ne peux m’engager à rejeter une partie de moi.

J’ai revendiqué ma partie homo pendant 10 ans. Je refuse d’y renoncer. C’est une partie de moi.

Cela ne m’empêche pas de donner à cette amie le meilleur de moi-même et de lui procurer autant de jouissance qu’elle en souhaite. Je pense qu’elle est plutôt gâtée de ce côté.

J’ai la chance actuellement de pouvoir vivre les deux expériences simultanément mais en privilégiant la relation avec elle.

Je pense que dans une relation bi, il y a toujours une relation plus privilégiée avec une personne (quelque soit le sexe). Pour conserver mon équilibre, je privilégie la relation avec la personne avec laquelle je me sens le mieux.

Je pense aussi qu’il n’est pas nécessaire de tout dire à l’autre. Je pense avoir le droit à mon jardin secret. A partir du moment où cela ne nuit pas à la relation, je ne vois aucune raison d’en parler.

J’ai dépassé ce temps où je me sentais obligé de me « confesser » à l’autre et de lui faire porter le poids … inutilement …

Par contre, si une autre relation commençait à prendre de l’importance et gênait ma relation privilégiée, alors je pense que je devrais en parler.

Voilà, à l’heure actuelle, comment j’arrive à vivre ma vie affective. Pour le moment, cela marche.

Xavier

Ras le bol !

Ras le bol des moralisateurs, des pseudo-libéraux qui « ont même des amis homo », des compréhensifs qui pensent que « cela passera « . Voilà 20 ans que je vis au fil des rencontres, de mes coups de cœur, avec l’un ou l’une, sans me poser de questions. Il est vrai que je n’ai pas subi d’éducation répressive, ni culpabilisante, ni moralisatrice. Chez nous, le but était d’être heureux, pas de faire propre et convenable dans la Société. Ainsi, je vis l’aventure avec Lui depuis 20 ans, avec une parenthèse de 10 ans avec Elle aussi. Au milieu, il y a eu également cet autre et aussi cette autre. Phase homo, phase hétéro … connais pas! Depuis 20 ans, je suis, je me sens, je me vis bi « comme tout le monde », cela constitue mon essence, comme le fait d’être femme, citoyenne ou française. Cela n’est pas un problème d’identité, c’est MON identité…

La tendresse n’a ni sexe, ni âge, ni couleur, ni frontière.

 » Merci maman » de m’avoir appris ce joli
mot : TOLÉRANCE.

Clô

Solitude

Une fois de plus je bois mon café seul dans le living-room. Que vais-je faire de cette vie fuyante et acerbe qui ne fait de moi qu’un spectre errant dans la ville comme dans ma vie ?
Dehors l’agitation de la rue bat son plein: la marmaille crie dans la cour d’école, la violoncelliste dingue du troisième étage torture son instrument d’arpèges schubertiens, le marteau piqueur assassine sporadiquement toute possibilité de plages de silence expectées.
Pourquoi rester inerte sur ce sofa bleu, seul et perdu ? Je dois cesser de me raconter des salades sur mon métier, ma femme, mon amant et mon mentor… Car malgré toute cette gymnastique sociale qui remplit l’agenda de ma vie, je me retrouve toujours et inexorablement seul, comme à chaque retour.
D’aucuns prétendent défier le temps en s’accordant de multiples relations fugaces et variées, tels des dionysiens. D’autres pensent trouver le salut dans la spiritualité et l’exégèse, tels des acadiens.
Moi, malgré mes tentatives polymorphes, je termine toujours seul dans cette maison, confortablement installé dans mon désespoir, vidé, de cette quête du multiple, de cette dispersion géographique et affective qui me mène de l’extrême Asie à l’Afrique australe, en passant par l’Europe septentrionale.
Qui me mène du lit d’une femme à la chambre d’un homme en passant par L’alcôve d’un ange.
Qui me mène d’un couloir d’hôpital à l’allée d’un cimetière, en passant par des bureaux d’archives…
Solitude, Ô Solitude, me voilà bien de retour dans tes bras, nous voilà enfin seuls, avec nos embarras et nos maux récurrents, dans ce vétuste sofa bleu aux reflets électriques, nous revoilà enfin seuls, ici, à Paris.

Texte produit lors d’un atelier d’écriture, en février 1999.

Défense et illustration de Bi’Cause

Cela fait trois ans que je viens aux réunions de Bi’Cause. J’y ai vu des bis, des pas-bis, des abîmes (de perplexité), des biscuits et des bisous aussi. Les pas-bis qui viennent me sont particulièrement sympathiques parce que c’est aussi pour eux que nous œuvrons, et ils l’ont très bien compris. En ce qui concerne les abîmes de perplexité, certains se sont résorbés. Les biscuits et les bisous, j?aime bien, mais ce n?est pas le propos… En tout cas sachez que ce ne sont pas des denrées rares à Bi’Cause.
Alors d’aucuns nous diront: « Qu’est-ce que vous vous prenez la tête! ». C’est vrai que nos discussions atteignent parfois des sommets de sagesse et une profondeur extrême.
Mais je répondrai tout de même que primo : c’est là que Bi’Cause rend des comptes à ses adhérents (et c’est plu-tôt réussi, me semble-t-il), et que secundo : les personnes présentes participent beaucoup, selon une dynamique contradictoire, c’est-à-dire de la façon la plus constructive qui soit.
Effectivement, certains sujets reviennent régulièrement mais c’est volontaire: il y a des aspects clés de la bisexualité qui méritent qu’on se penche souvent dessus, et ça permet de discerner certaines évolutions.
C’est d’ailleurs particulièrement utile aux nouveaux.
Et puis il n’y a pas que les débats: nous nous réunissons également lors de soirées littéraires: les ateliers d’écriture, dont on ne fera jamais assez la publicité. Jérôme y orchestre de petites rhapsodies linguistiques, des canons sémantiques, des fugues lexicales… Chacun y découvre sa partition personnelle à mesure qu?il la joue et le déchiffrement prend la forme d’une véritable révélation.
Avec Patrick et Mireille, nous parcourons des kilomètres dans les forêts et les champs, qu’il pleuve ou qu’il vente (mais de préférence quand il fait beau !). Ce cheminement devient très rapidement l’occasion de connaître les autres randonneurs et de confronter ses expériences au rythme de la marche.
Je passe rapidement sur les soirées Bi’envenue, dont l’intérêt ne fait pas de doute: dis-cuter autour d’un verre, c’est libérateur.
Mais il est un point sur lequel je tiens à insister: notre présence au Centre Gai et Lesbien de Paris. Le C.G.L. nous héberge depuis longtemps maintenant, et petit à petit nous intégrons pleinement le cadre qui nous est accordé. Les volontaires du C.G.L. nous accueillent, nous sourient, nous reconnaissent, et cela de plus en plus.
Ça, chers lecteurs, ça fait chaud au cœur, et surtout c’est bon signe.

Julie

 

« Tu le veux ? J’arrive pas à finir… »

C’est début octobre de l’année de mes vingt ans que ma vie a pris un tournant décisif. Ah, vingt ans, le bel âge !… Si on veut.
J’avais jusque là toujours puisé mon énergie dans mon aptitude à réfléchir à des problèmes sérieux (ma vie en est un, j’en suis désormais absolument certaine) quand curieusement je me suis rendue compte que l’un des problèmes que je croyais avoir bel et bien résolu m’échappait totalement.
Bien sûr, je me suis dit que ce n’était que par manque d’approfondissement de la question. Qui sait ?

Elle m’était toujours apparu comme la plus belle personne intériorisée qui existe. Et même si la faire parler pour la soulager relevait d’une épreuve Olympique, elle, au contraire, semblait apprendre tellement de mes états d’âme, de mes réflexions, justement. Elle m’aimait, je l’aimais. Nous nous apportions mutuellement affection, amour, sexe, joie…
La seule fausse note dans ce tableau aurait pu être mon incapacité à me mentir et à mentir aux autres. La passion que je ressentais de façon chronique mais aléatoire pour tout un tas d’individus de tous les sexes nous éloignait puis nous rapprochait de façon assez violente. Je ne pouvais pas le nier. J’appelle cela désormais des pulsions sexuelles. Je suis toujours partie du principe que nous sommes ce que nous sommes, surtout sur le plan biologique, et qu’aller à l’encontre parce que nous sommes hommes et pas bêtes, n’autorise pas à nier l’évidence. Mais faut-il pour autant être rejeté de la société ? Qu’implique le fait de parler de ses pulsions sexuelles aux autres ? Ne sommes-nous pas tous contrôlés par les mêmes hormones, et notamment celle qui engendre le sentiment de besoin, que ce soit de sexe, ou de bonne nourriture ?
Ainsi donc, est arrivé le jour où une de ces personnes m’attirant incontestablement m’a dit « J’ai envie de toi ». Cinq mots pour décrire cette pulsion sexuelle, ce phénomène biologique qui se révèle pour toute sorte de raisons rarement rationnelles d’ailleurs.
Cette personne était en couple depuis un certain nombre d’année, un de ces couples où le partage des tâche n’est pas tout à fait traditionnel mais ne semble pas trop s’en éloigner. Un couple heureux.
Couple pour couple, le mot était lâché. Qu’elle qu’en soit l’issue, le désir était là, partagé, ne cherchant plus qu’à s’exprimer de la façon la plus courante… l’orgasme. Dès lors, comment faire ? « Résister ! » disait une voix ; « Foncer ! » disait une autre. Le désir, insondable, se tordait dans tous les sens pour me rappeler qu’il y avait là un point de sortie, une issue possible qui ferait souffrir tout le monde mais me soulagerait de ce besoin instantané.
Mais pourquoi les gens en souffrent-ils, finalement ? Qu’est-ce qu’une trahison ? Ne pas tenir une promesse en est une. Mais comment promettre que l’on ne fera pas l’amour avec quelqu’un d’autre ? Comment promettre que ses pulsions ne seront jamais trop fortes ? On ne peut s’empêcher de penser. Ni de ressentir. On ne peut que s’empêcher d’agir dans la mesure du possible. Mais à quoi bon ? Pourquoi ne pas se faire plaisir ?
S’abandonner à quelqu’un est vraiment une expression que je déteste. Faire l’amour, c’est se faire plaisir mutuellement. Ce n’est pas se donner mais donner à l’autre. Votre ami(e) ne se donne pas, il (elle) prend une partie de son affection pour vous et la reporte sur quelqu’un d’autre. Il (elle) ne vous respecte pas moins pour autant!
Alors nous nous sommes fait plaisir partiellement (sans aller au bout).
Elle a souffert. Pas son amie: il ne lui a rien dit.
Rien que ça, rien qu’un tout petit report d’affection et le monde s’écroulait. Ne plus posséder totalement quelqu’un. Imaginer que je m’abandonnais à lui.

Parler n’avait donc rien résolu du tout. Parler, la plus belle chose qui soit donnée à l’être humain pour communiquer avec les autres et découvrir qu’il n’est pas le seul à ressentir.
Alors si parler ne sert à rien, seule avec mes pulsions, j’ai décidé de m’en aller.
Toi qui lis mon histoire, si mes derniers mots te rappellent quelque chose, alors finis de résoudre ce problème, car je n’y arrive pas.

Malice

Et puis voilà…

.

En consultant votre site, je tombe sur le témoignage de Simon (« Pourquoi pas ? »).
Et je respire !

A 27 ans, j’ose enfin me définir comme bisexuelle, en partie grâce à des activistes comme vous. J’ai longtemps dû me définir comme lesbienne parce que je ne me sentais pas du tout hétérosexuelle et parce que j’ai toujours été concernée par la lutte pour les droits des homosexuels.

Et puis voilà que je tombe amoureuse de quelqu’un. Que je me rends compte que même si les femmes m’attirent beaucoup plus et que j’ai besoin de leur présence dans ma vie, je voudrais avoir un homme dans mon intimité. Cette personne est mariée, avec quelqu’un de formidable que je désire et que j’admire. Nous nous entendons très bien, nous faisons l’amour ensemble. Ma deuxième expérience de trio. Je me sens bien dans cette configuration, c’est la seule qui me rassure et m’épanouisse.

Quand je lis que Simon aspire à un « couple » à quatre, comme je le comprends ! Beaucoup de couples fantasment sur la configuration sexuelle du trio. Mais combien sur sa dimension sentimentale? Le sexe est une composante essentielle de l’amour pour moi. Mais le sexe sans amour a tellement moins de saveur…

La seule question épineuse : celle des enfants. Je ne sais pas comment aborder le sujet avec leurs enfants avec lesquels je m’entends très bien. Comment peuvent-ils percevoir l’introduction dans la famille d’un autre adulte ? Faut-il leur dire (car je crois qu’ils le perçoivent) que le lien qui nous unit tous les trois est, plus que de l’amitié, de l’amour ?

Anna

Remettre le couvercle

alors elle est libérée
posée sur ses deux pieds
attentive au désir
veut se réaliser
ah j’assume, j’assume tout
tout est beau tout est bon
tout est beau vive l’amour
car c’est de l’amour n’est-ce pas
c’est de la vie et la vie
c’est beau comme chacun sait

alors la voilà qui se lâche
conquise de haute lutte
cette aventure d’un jour
ruminée fantasmée
un jour elle se produit
et c’est un jour qu’elle dure
comme on peut s’y attendre
elle ne s’y attend pas
car c’est là qu’elles arrivent
les choses qu’on attend

alors la voilà fière
l’est allée jusqu’au bout
c’est elle qui voulait ça
et c’est elle qui l’a eu
maintenant elle sait ce qu’elle veut
elle ne s’en soucie plus
elle a choisi son camp
son camp s’est imposé
c’est ce qu’elle préfère dire
ah oui mais c’était bien

alors elle est comblée
elle a tout vu tout eu
l’autre côté de la barrière
elle peut vous en parler
elle a rechoisi l’autre
le bon le seul le vrai
celui des autres mais
mais ça se trouve comme ça
elle a pas fait exprès
elle est comme ça voilà

alors elle est fatiguée
conformisme moral
et bandeau sur les yeux
et qu’est-ce qui lui en reste
et puis c’est quoi son truc
et cette liberté
elle se l’est vraiment donnée
ou elle a fait semblant
joué l’émancipée
des barrières plein la tête

des barrières plein la tête
plein le cœur plein le corps
comme dirait l’autre
je hais les haies
et je voudrais
regarder quelqu’un

Avanie

Bout de vie

Ma première relation dite « sexuelle », je la qualifierais de « sensuelle » plutôt, s’est déroulée avec un anglais « In London » quand j’avais 21 ans. Ces premiers moments érotiques de ma vie m’ont marqué et je n’ai pu m’en défaire dans ma tête. Pourquoi ? Comment ? Bref tout le tralala habituel et en prime, devinez-quoi ? La CULPABILITÉ, le mal être récurrent….
J’ai traîné çà toute ma vie jusqu’à présent. J’ai eu deux enfants que j’adore, j’ai connu plusieurs femmes mais rien n’y fait… Malgré mon âge, j’ai encore un physique qui plaît. Il s’agit donc maintenant de profiter de ces dernières années
qui me restent pour m’épanouir.

L’ angoisse qui m’a dominé est celle du dilemme : ? Si tu veux aimer une femme, elle n’accepteras jamais ta sensualité, ta bisexualité, donc : « Oublie ton ressenti et enfouis bien profondément tes émotions sensuelles ». C’est ce que j’ai fais, avec tout le malaise qui en a découlé et les tentatives d’auto-thérapie. Comme autre solution,je me suis dis qu’il fallait que je fasse passer le boulot avant mes désirs de manière à les occulter. Peine perdue évidemment !
Alors, quand je lis le témoignage d’Agathe qui dit apprécier les hommes bi, je suis désarçonné car il m’apparaît alors que je pourrai être heureux, que j’aurais
pu être heureux depuis longtemps si j’avais rencontré une femme comme elle. Et aussi que je ne suis pas si « mauvais » que çà ! Pourrais-je savoir sur quel site internet « Agathe » ..fait ses rencontres ?

J’ai attendu longtemps, je me disais qu’il fallait éviter que ma famille apprenne qui j’étais. Maintenant que ma mère, mon père sont décédés, que mes enfants sont grands et libres de mener la vie qu’ils souhaitent, c’est à mon tour.

Le hic est que j’ai recommencé une relation « traditionnelle » avec une femme il y a deux ans alors qu’à l’époque déjà je m’étais dit qu’il fallait que j’évite cela. Elle m’aime vraiment je crois, me le prouve et je suis devenu le centre de sa vie. Je n’ai plus aucune liberté. Je la respecte profondément, nous nous entendons à
merveille intellectuellement. Mais elle ne correspond pas à ce qui me plaît chez une femme , dans le domaine de la sensualité et de la féminité. Il est aussi hors de question , pour l’instant, que je la quitte car je crains de la faire trop souffrir. Et je n’ose pas lui parler de ce qui vit au fond de moi.
Mais n’est-ce pas égoïste de ne pas lui dire la vérité ?
Sans doute que oui.mais je n’ y arrive pas. Help please !

Frédéric

Question de temps

L’année dernière, à la même époque, j’étais très à la mode puisque la mode était d’être bi. Cette année, je suis toujours et encore bi mais je ne suis plus à la mode des médias (remarquez, je peux devenir cyber !)

Ce n’est pas grave, cet élan d’intérêt pour la bisexualité m’a confortée dans cette voie et m’a donné envie de le crier encore plus fort. D’ailleurs, au lieu m’égosiller, j’ai préféré l’inscrire sur un tee-shirt pour que les plus réfractaires « m’entendent » mieux.

Tous ceux qui prétendent que je ne choisis pas ont raison. Qui peut prétendre avoir choisi d’être homo, d’être hétéro ou d’être bi ? Non, je n’ai pas choisi mais je suis certainement tombée dedans quand j’étais petite…

Et demain, comment tu le vivras ? m’aurait certainement demandé Mireille D.

Aussi bien que cette année à la Gay Pride, entre mon copain et ma copine…

Anso

Je demande conseil à mes ainés

Bonjour,
je vais essayer d’être bref et précis bien que je ne sache pas trop comment je vais faire…

Voila je suis un homme de 20 ans, bi.
Enfin je crois… lol
Car c’est à ce niveau que ce situe mon problème… En effet j’ai « découvert » mes penchants sexuels pour les hommes à 16 ans et depuis il me taraude une question : « qu’est ce qu’être bi ? » et à cette interrogation je n’ai pas trouvé de réponse. Mes amis et mon entourage sont au courant de mes attirances et j’ai donc dans mon cercle d’amis des gays ,des bis et des hétéro avec qui je discute quelquefois de ce sujet, je dirai épineux. Car pour la plupart des mes amis hétéro et gay être bi c’est refouler une parti de ses pulsions homosexuelles et « trouver un compromis » entre ce qu’on ressent et la norme sociale. Pour eux je suis gay mais n’ose pas me l’avouer car je ne veux pas assumer mon homosexualité et donc me réfugie dans la bisexualité comme compromis entre ce que je suis et ce que je voudrai être. Je suis donc un horrible frustré… Pour mes autres amis bi, la question reste posée car ils sont dans le même cas que moi…
Je ne me sens ni homo, ni bi, ni hétéro et qu’on ne me dise pas que je suis jeune et que le réponse viendra tout seule car entre temps cela ne résous en rien le problème…!!!
Qui a raison? Qui a tort ?
Comment des bi (homme et femmes) plus âgé que moi ont-ils résolu ce problème? L’ont-il eu d’abord ?
Être bi c’est être 50/50 ou y a des flux et des reflux, genre 60/40 et un mois plus tard 30/70 ?
Moi je ressens le truc comme ça : j’ai des périodes, des fois je suis plus attiré par les hommes et des fois par les femmes.
Mais est-ce cela être bi ?
Dans les médias et partout à la télé on parle énormément des homo mais la bi sont passée sous silence…
Si je dois attendre dix ans pour avoir un recueil de témoignage merci bien…
Je sais que Delarue a récemment fait une émission à ce sujet mais je n’ai pas pu la voir. De toute façon on m’a dit qu’en gros la conclusion avait été que tous les bi était des homos frustrés..
Donc je lance un HELP pour qu’on m’aide à y voir plus clair car entre temps j’en souffre et ai du mal à installer des relations sociales et amoureuses.

Je remercie tout ceux qui voudront bien me répondre.

Melmochh

Histoire de bi

Depuis quand je suis bi ? On s’en fout !

La seule chose que je sache, c’est que je suis devenue bi, je ne suis pas née comme ça. Certains hommes, certaines femmes me plaisent, m’attirent et me font bander, à chaque fois pour des raisons identiques et distinctes. Je ne suis pas prête à renoncer à un sexe et n’en ai d’ailleurs pas envie.

J’ai vécu longtemps ma bisexualité dans la clandestinité, sans culpabilité toutefois. Et puis un jour, j’en ai eu marre de me dire hétéro chez les hétéros et lesbienne chez les gays.

Alors je me suis rendue « visible », comme on dit dans les milieux autorisés. Auprès de ma mère d’abord : elle m’a dit que ma sexualité ne la regardait pas, mais que ce qui importait c’était mon bonheur. Plutôt cool, maman, sur ce coup-là !

Ensuite je l’ai dit aux copains et copines hétéros: ils ont trouvé que, de ma part, ce n’était jamais qu’une excentricité de plus. Enfin, ou en même temps (je ne sais plus), je suis « passée aux aveux » auprès des pédés et lesbiennes de mon entourage.

Les mecs se sont marrés, m’ont dit que la bisexualité n’existait pas… C’est charmant, c’était me dire que je n?existais pas ! Les nanas ont souvent été plus agressives et m’ont reproché, ô horreur, d’avoir été touchée (contaminée?) par des mains d’hommes.

Ces réactions m’ont un peu (beaucoup) blessée… d’autant que les gays constituaient (et représentent toujours malgré tout) la majorité des gens que je côtoie.

Depuis, je crois que ça change, lentement. Par mon choix de la visibilité, de la lisibilité, pédés et goudous apprennent peu à peu à m’accepter, à défaut de toujours me comprendre. Aussi, bi de tous les pays, unissons-nous ! Amen !

Ou Atchoum!

Adriana

Des mots et des images

Pourquoi chercher un mot ? des mots ? des définitions…

Je suis un amoureux des mots, mais je m’en méfie aussi, car ils nous enchaînent…

Laissons à chacun toute liberté… d’être, de devenir… de vivre…

Et puis écoutons, regardons…
Toutes les histoires, les instants de vie, les rêves, les divagations, les fantaisies…

Chacun choisira ses mots…
Ses images…

Les métaphores, les périphrases sont peut-être plus riches que les mots simples… Ce qui n’est pas dit est peut être mieux perçu !

Nos images, ces films que sont nos vies, nos rêves, seront sans doute nos meilleurs « ambassadeurs », s’il nous en fallait…

Yann

Je ne suis pas bi et pourtant…

Je ne suis pas bi et pourtant je souhaiterais apporter mon témoignage de femme hétéro (pour l’instant).

La première fois que je suis sortie avec un homme bisexuel je l’avais deviné tout de suite, (Facile, au début il avait plutôt dragué mon meilleur ami homo). Il a essayé de me cacher sa dualité, mais bon, je l’ai pris entre 4 yeux jusqu’à ce qu’il comprenne que j’étais assez » open » pour accepter voir même plus, apprécier ce qu’il était. C’était quelqu ‘un d’exceptionnel tant par sa sensibilité, sa vision de la vie que par sa sensualité. Par la suite notre histoire a pris un tournant délirant car je lui ai présenté (sciemment) un super ami à moi homosexuel que j’adore. Ce qui devait arriver arriva et nous avons goûté aux joies du triolisme, mais nous ne sommes pas arrêtés la puisque nous avons vécu durant 2 mois une véritable histoire d’amour à trois. Mon ami homo s’est même permis un petit extra hétéro avec moi. Je trouvais que nous avions beaucoup de chances d’arriver à vivre une histoire aussi exceptionnelle sans jalousie, et possessivité délirante. L’histoire bien sûr un jour s’est terminée, mon  » bi  » est parti faire de l’humanitaire pour deux ans (et il avait raison car il est fait pour ça).

Depuis grâce au net, je suis ressortie avec un homme bi que j’adore aussi. Nous gérons ensemble ses désirs, je le laisse naviguer à son gré. S’il préfère faire un truc tout seul c’est son droit s’il préfère faire quelque chose avec moi et un troisième c’est possible aussi, il se fait aussi des extras avec des filles (j’aime moins ça c’est sûr mais bon !).

En fait ce que je voulais exprimer par ce témoignage c’est que la vie avec un bisexuel est très possible mais je crois qu’il ne faut pas se voiler la face et essayer de gérer les pulsions du moment ou futures pulsions. Parce qu’au cours de mes recherches j’ai dialogué avec plein d’hommes bi je me suis rendu compte que le scénario le plus fréquent est : Je tomberai amoureux que d’une femme mais j’aime aussi (ou surtout) le sexe avec les hommes ainsi soit-il ! Puisqu’il en est ainsi, alors aime moi et vis tes pulsions aux mieux.

Ce qui me fait mal en fait c’est de voir tous ces hommes mariés en quête sur le net d’une aventure discrète et furtive. Je ne préconise pas du tout de mettre sa femme absolument au courant (une fois qu’on est parti sur des bases mensongères il me semble difficile de revenir en arrière) Mais pour tout ceux qui rencontreront plus tard une femme bien, ne serait-il pas préférable de la mettre au courant tout de suite de vos préférences. Je crois que de nombreuses femmes sont capables d’entendre cela. Car aimer c’est aussi aimer une personne comme elle est, et non comme on aimerait qu’elle soit. J’espère avoir apporté un peu d’espoir et de courage à ceux qui aujourd’hui ou demain seront dans cette situation.

Agathe

La grande question

Comment savez-vous que vous êtes bisexuel et non homosexuel ou lesbienne. Il me semble que la ligne entre les deux est bien mince. Est-ce que vous aimez un sexe plutôt qu’un autre ?

Marie

Le sait-on sûrement un jour ? Il se fait qu’il arrive que je tombe amoureuse de filles, en ayant une forte attirance pour elles (ce qui différencie de l’amitié), et pareil pour des garçons. Bon, ça arrive plus souvent avec des garçons, mais n’est-ce pas une question de hasard des rencontres plutôt que de choix ? Ce n’est pas parce que je suis bi que tout le monde me plaît et que je saute sur tout le monde…

Nathou

On le sait quand on le sent

On le sait quand on le sent
parfois, un beau jour ou toujours
On le sent quand on le vit
parfois, un beau jour ou toujours
Et c’est une réalité, une identité

Permettez une métaphore:
Il y a des gauchers, des droitiers
… et des ambidextres.

Lo Blip

L’amour n’a pas de cloisons

Je suis maintenant devenu ce « sage » qui en Afrique rejoint le forum des anciens sous le baobab. J’ai aimé et j’ai été aimé par des garçons et par des filles et j’ai souffert de conventions sociales plus rigides que maintenant qui me laissent des regrets. Alors je me libère maintenant par l’écriture où je veux laisser mon message: L’amour n’a pas de cloisons il peut suffire à certains d’être deux mais à d’autres d’être multiple. Une mère aurait le droit de partager son amour entre tous ses enfants et pas des amants ? C’est ridicule. Il faudrait nier la toute puissance des attirances sexuelles, nier le plaisir, faire semblant de croire qu’il ne doit exister qu’entre mari et femme alors que la plupart de ces bien-pensants vont forniquer ailleurs en cachette, Et le mot veut bien dire ce qu’il veut dire ici. La fornication, le plaisir honteux.
Moi je vous aime tous.

Robert

Assumer d’abord son homosexualité !

Bonjour à tous/toutes,

Il y a quelque chose qui m’est venu en lisant tous ces témoignages sur le site.

A ceux qui se disent Bi, je pense (c’est basé sur mon expérience personnelle) qu’il est important d’avoir assumé entièrement son homosexualité. Beaucoup de personnes se disent « Bi » parce qu’il est plus rassurant de se dire Bi qu’homo (« Dieu merci, il me reste une part hétéro … »).

C’est le droit de ces personnes de se dire « Bi », ok. Mais ce qui m’interpelle, c’est le fait de se voiler souvent la face et de ne pas vraiment assumer sa partie homo. Comment interpréter autrement les termes de ceux ou celles qui disent avoir « avoué » leur bisexualité à leur partenaire …

Je pense que ce terme « avouer » cache encore une difficulté d’assumer la part homosexuelle, comme s’il y avait encore quelque chose de non-accepté à l’intérieur se soi. Car il ne s’agit pas d’avouer quelque chose comme un enfant le ferait à un parent, il s’agit de parler d’adulte à adulte d’un sujet important et qui compte pour soi.

Je pense que pour pouvoir en parler comme un adulte, il faut que cela ait mûri à l’intérieur et qu’on ait assumé toutes les composantes de cette homosexualité. Cela prend parfois du temps et des expériences pour y voir plus clair. Et surtout en discuter avec des gens de confiance et qui peuvent comprendre.

Je me suis beaucoup interrogé sur la bisexualité et je me suis parfois demandé si j’étais BI vu que je bandais parfaitement bien pour les femmes et j’avais beaucoup de plaisir.

Pourtant, pendant 10 ans, je me suis considéré comme homo. Pourquoi ? parce qu’il m’était impossible d’avoir une relation affective avec une femme. J’avais des peurs et je ne pouvais ressentir aucun sentiment pour elles alors que je pouvais expérimenter ces sentiments pour un gars.

J’ai depuis peu une relation avec une femme où, pour la première fois, je suis bien, calme, sans peur. J’ignore si on peut parler d’amour mais je me sens bien comme je me suis parfois senti bien dans des relations avec des hommes.

MAIS, je continue d’avoir des relations avec des hommes, tout en gardant cette relation privilégiée avec cette copine.

Je commence dès lors à m’intéresser maintenant véritablement à la bisexualité car je commence à avoir du mal à vivre uniquement avec un sexe… J’ai besoin des deux.

Je pense que l’on devrait arrêter de parler de l’identité « sexuelle » uniquement en terme de sexualité. C’est totalement réducteur.

Pour moi, être Bi, c’est être capable de se sentir complètement bien avec les deux « sexes » au niveau du sexe ET DU COEUR.

Qu’on arrête SVP de penser que l’identité sexuelle se base uniquement sur le sexe. C’est faux et archi-faux. Il y a AUSSI la composante sentimentale qui est peut-être aussi et si pas plus importante.

En effet, combien de temps peut durer une relation basée uniquement sur le sexe et sans véritables émotions ?

Voilà ce que je voulais dire sur l’identité.

Zébu

Le dire (aux femmes) au risque du rejet

Oser répondre à celle qui me demande « Tu aimes les femmes’ Tu n’es pas bi, j’espère ?  » – « Non, je n’aime pas ‘les femmes’, j’ai aimé – ou j’aime ou j’aimerai peut – être encore une femme et je n’aime pas ‘les hommes’, j’ai aimé – ou j’aime ou j’aimerai peut – être encore un homme…

Le dire et ne pas être rejetée par celle dont on est amoureuse, cela me semble tellement difficile voire impossible …

Cette attitude, je l’ai bien moins rencontrée chez les hommes que j’ai aimés et auxquels je racontais mes amours féminines…

Pourquoi cette intolérance des lesbiennes’ Pourquoi n’aurais – je pas le droit d’aimer « quelqu’un » avant d’aimer un « sexe »?

Duchesse

La triologie

Un certain nombre de mes amis sont bi, et je n’y compte que des femmes. A l’association , j’y ai vu beaucoup d’hommes et de femmes dont la majorité d’entre eux vivent leur bisexualité comme les hommes ou les femmes.

Alors, aujourd’hui, je voudrais exprimer une autre voix, celle de ceux qui vivent leur bisexualité comme les hommes et les femmes. En effet, je ne peux m’épanouir dans une relation où un seul type de sexualité serait présente. Mon c’ur ne peut appartenir qu’à une personne, mais physiquement, une chose récurrente apparaît, celle du besoin physique d’un homme et d’une femme.

Ne comprenant pas que l’on puisse avoir des rapports en dehors du couple, je vis ma bisexualité dans le couple en faisant l’amour à « trois » (1H + 2F) ou (1F + 2H).
Je ne me sens pas perverti ni vicieux (regardez donc le dictionnaire pour en comprendre les définitions ).
Je me sens épanoui.

Voilà, voilà, je me suis un petit peu lâché après avoir entendus certains discours, mais cela fait du bien.

Galliano

Plutôt que de triologie, parlons de triolisme…

Chez nous il est occasionnel, Virginie se contentant de son Paul (moi) dans 99% des cas… Le triolisme est en théorie plus une évasion sexuelle, qu’un besoin affectif. Néanmoins, Le fait que Virginie soit bi a quelques avantages dans la vie conjugale de tous les jours : se « retourner » sur une jolie fille à deux est d’une rare complicité… franchir le pas et accepter une autre femme dans notre couple, même de temps en temps, se fait avec beaucoup de pincette. Cela ne repose pas sur des besoins mais des envies ponctuelle d’attention féminine. La jeunesse aidant, 3 mois de notre vie se sont déroulés entièrement à vivre à trois… quelques autres expérience, plus courtes, et sans jamais se dire que ça serait pour la vie, ont donné lieu à un retour à la vie à deux ainsi qu’à quelques moments tendres avec une amie que nous avons vu régulièrement durant 2 ans. Désormais, la difficulté de trouver « chaussure à notre pied », le fait de chercher une complicité à trois plutôt qu’une vague aventure sexuelle, tout cela nous cantonne à se contenter de ce que l’on a, et on est plutôt bien servi, plutôt que d’aller « dragouiller » pour assouvir nos fantasmes…

Pour poursuivre plus dans la direction de Galliano, NON ce n’est pas du vice ! Et des personnes bi doivent bien comprendre cela non ? Ne demandons pas à des homos de le comprendre, ils le comprennent encore moins que la bisexualité (je le sais, on a de tres bons amis homos, très ouverts mais on ne les changera pas hein…)

Le fait que des personnes prennent ca pour du vice est que dans une majorité des cas ces pratiques n’apparaissent que sous le coup de rencontres échangistes, sous couvert de sois disant « pornographie »… donc avec des préjugés et des a priori certains…
Connaissant très bien tous ces milieux sans les pratiquer dans ma vie privée, ne mélangeons pas sentiments, affection, et coït sexuel …

Et si c’est un hétéro qui vous le dit, c’est qu’avoir le recul nécessaire est possible !!!!!!!!

Paul & Virginie

Entre l’avoine et le mil

Je préfère largement les femmes aux hommes, mais bon ses propres attirances, soi-même on ne peut pas toujours les discuter. J’aime beaucoup les femmes mais aussi un peu les hommes, il m’a fallu l’accepter, je l’ai accepté.

AArgh en répondant à un questionnaire anonyme sur les jeunes et leurs sexualités, j’ai répondu sincèrement à une de leurs questions : Oui, je veux partager ma vie avec quelqu’un mais avec une femme. Alors continue une seconde période de plusieurs semaines. Car mes attirances homosexuelles, pas faciles à accepter dans cette société encore intolérante en grande partie, m’embarrassent.

Plutôt classique, je préfère l’idée d’un couple, plus qu’un trio, et je sais que je pourrais partager ma vie (Donc mon quotidien) avec une femme, avec des hommes seulement des moments, sinon une amitié assez forte. Enfin, c’est dur à conjuguer et m’adonner au « triolisme », j’hésite… Déjà, il faudrait que ma femme se fasse à l’idée de mes attirances bilatérales, entre autres je n’arrive pas à envisager une solution à ce problème, car entre l’avoine et le mil, l’âne doit choisir. Le problème c’est qu’il se passe difficilement de l’un.

Quand on envisage une vie à deux, comment voir une relation avec un tiers ?

Geoffroy

L’âne doit choisir !

Geoffroy,

Tu nous dis: « L’âne doit choisir ! » C’est ce que nous ont appris durant des années nos paires. Combien d’années encore allons nous nous rendre malheureuses avec cette croyance.

Imagine: tu vas en vacances passer une semaine dans un hôtel. Il se trouve que tu aimes le café et le thé. On te demande au début du séjour de choisir. Ce sera Café ou bien Thé. Tu fais la gueule ! C’est quoi cette obligation de choisir qui va transformer ton plaisir en horreur. Franchement, tu ne l’acceptes pas.

Cependant tu es prêt, dis-tu, non seulement à accepter cette obligation, mais pire, à te l’imposer et à martyriser ton entourage, et ce, pour un plaisir encore plus important que le thé ou le café : le plaisir amoureux !

Elle ou lui, avoine ou mil ? L’âne de Buridan meurt de faim entre un sac de mil et un sac d’avoine. « Choisir me paraissait autant ne pas élire ce que je n’avais pas Choisi » (André Gide – Nourritures Terrestres).

Alors vient ensuite la croyance en cette foutue « fidélité » qui pervertit et salit la pureté des relations sincères et libres.

Voici, en toute amitié, une petite réaction à ton texte.

Aristée

La fidélité et la monogamie sont deux choses bien différentes.

Et bien me voilà de corvée. Moi je suis l’hétéro du ménage, elle la bisexuelle. Il serait donc naturel qu’elle écrive cette bafouille. Seulement le français de Rae va bien autour d’une tablée d’amis avec une bouteille de vin pour lui rendre la langue moins timide, mais pour l’écrire il faudrait plus que la Bourgogne et le Beaujolais ensemble.

Ce n’est peut-être pas une mauvaise chose, car moi cela fait dix ans que je vis avec ma bisexuelle. Je le sais quand elle est se sent bien dans sa peau, et quand elle ne se sent qu’à moitié bien. C’est bien joli la monogamie, quand on est bi et pas engagé. On peut alterner les copains et les copines. Mais Rae est amoureuse de moi depuis un sacré bout de temps. Alors vivre son amour avec toute sa fidélité sans vivre qu’à moitié, c’est pas compatible avec la monogamie.

La fidélité et la monogamie sont deux choses bien différentes. Nous sommes fidèles l’un à l’autre, nous sortons ensemble avec notre bonne amie et nous lui faisons tous les deux l’amour. Nous séduisons les filles des fois ensemble et des fois chacun de notre côté, mais nous ne nous engageons qu’avec des filles qui nous désirent tous deux. Cela ne veut pas dire que nous devons toujours être à trois sous les couvertures, mais cela veut dire que c’est « notre » amoureuse, pas la sienne ou la mienne. Je suis autant responsable de la rendre heureuse qu’elle, ni plus, ni moins. C’est ça notre fidélité. Nous sommes poly et nous sommes fidèles.

Quand nous n’avons pas d’amoureuse dans notre vie, Rae n’est pas aussi bien dans sa peau. Il lui manque quelque chose que je ne peux lui donner. Alors, comme on s’aime, je ne me sens pas bien dans ma peau non plus. C’est comme ça de vivre avec une bisexuelle et je ne voudrais rien y changer.

Vic, de PolyBi

Je suis bisexuel et je suis fier de l’être

(devenez lion, devenez lionne)

J’ai pu me rendre compte récemment de la puissance que peut donner la bisexualité. Un bisexuel a accès a la fois à son côté masculin et à son côté féminin. Il les a intégrés complètement, il les a acceptés. Il peut se servir de son masculin ou de son féminin selon son choix et selon les circonstances : que se soit dans la vie professionnelle ou dans la vie affective.

Il s’agit véritablement d’une question d’énergie. Ne mettons pas le masculin sous l’étiquette  » Homme  » et le féminin sous l’étiquette  » Femme « . Cela va beaucoup plus loin que cela. Le masculin est l’élément actif de notre personnalité, c’est à dire l’élément constructif. Le féminin est l’élément passif c’est a dire réceptif. Les deux éléments sont essentiels pour fonctionner correctement. J’imagine en disant cela la personne qui a un bloc de terre glaise entre les mains. C’est le matériel de base, le matériel réceptif, prêt a être modelé. La personne va alors exercer son action sur cette terre glaise : c’est l ‘élément actif, constructif. Il n’est pas possible d’imaginer les mains de la personne sans la terre et ni non plus la terre sans les mains de cette personne. C’est l’actif et le passif : les deux sont nécessaires pour construire.

Je pense également en écrivant cela au courant électrique. Il faut un pôle positif et un pôle négatif pour produire de l’électricité. Sinon, il n’y a pas d’électricité possible. Ce phénomène du masculin et du féminin se retrouve partout dans la nature. Il suffit d’ouvrir les yeux.

Chacun, chaque homme, chaque femme a les deux pôles en lui : le masculin et le féminin. Celui qui a réussi à intégrer parfaitement les deux et a maîtriser ces deux énergies possède une puissance fantastique en lui. C’est deux énergies créatrices de vie. L’alliance du masculin et du féminin en nous équivaut à la naissance d’un enfant intérieur tout comme l’alliance entre les mains d’une personne et la terre glaise produit une œuvre d’art… J’ai vécu cette expérience a l’intérieur de moi et ce site est une occasion pour moi d’en témoigner ici même.

L’Homme et la Femme sur terre peuvent procréer un enfant. Le masculin et le féminin en nous peut aussi créer un enfant en nous. Cet enfant est né en moi. Cela s’est passé récemment au cours d’un stage de formation au cours duquel je suis entré complètement dans mon pôle masculin et féminin. J’ai accepté de surmonté ma peur de la « salissure  » du masculin et de la salissure du « féminin « . J’appelle salissure ce qui nous répugne dans l’acte sexuel masculin ou dans l’acte sexuel féminin. Cette répugnance est constituée par tous les « tabous  » et interdits créés de toute pièce par la société, l’éducation et « certaines formes dénaturées de religion  » qui ont fini, avec le temps, à s’intégrer en nous. Cette partie  » sombre  » faisant partie de nous-mêmes contre notre gré, il s’agit de la dépasser, d’aller au-delà, de la traverser. Il s’agit d’intégrer complètement le côté « sauvage  » du masculin et le côté « sauvage  » du féminin. Dépasser la peur provoquée par son lion intérieur d’une part et de sa lionne intérieure d’autre part. Devenez lion, devenez lionne. Acceptez ce côte là de vous-mêmes. Ces côtés sont en nous AUSSI. Ils ne sont pas répugnants. C’est l’image qu’on vous en a donnée qui est répugnante.

En parlant du Lion et de la Lionne intérieure, c’est l’image de l’Afrique qui me vient en tête. L’Afrique, berceau de l’humanité ? Ce n’est sans doute pas un hasard. Réfléchissez à cela…

Voilà le message que je souhaitais faire passer. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur la question. Réagissez si vous le souhaitez.

En tout cas, je souhaite être clair. Je suis fier, extrêmement fier d’être bi et d’avoir les deux côtés en moi car je sais maintenant que cela me donne un nouveau regard sur moi-même et sur le monde extérieur. J’étais spectateur, je peux maintenant devenir acteur de ma propre vie. L’enfant est né. Il doit maintenant grandir en âge et en beauté.

Andromene (Homme ou Femme ? Devinez…)

Alors comme ça…

Alors comme ça je ne suis pas tout seul 😉 !

Je dois faire tout à l’inverse des autres puisque j’ai commencé par les garçons et puis que je continue « par » les filles tout en aimant toujours autant les garçons !

C’est vrai que mon plus gros fantasme (le plus « profond » en tout cas) c’est d’avoir un copain et une copine. Former un couple « à trois » en quelque sorte !
Mais c’est déjà si difficile semble-t-il de rencontrer un individu (un ou une).

Enfin bon, s’il y a quelque chose qui m’agace (je n’y comprend rien, c’est tout) c’est la « culture gay » ou la « culture ce qu’on veut n’importe quoi d’autre d’ailleurs ! »

La culture c’est toujours le passé !

Le présent c’est des êtres humains tous autant semblables et différents en même temps, tous adorable (quand ils arrivent à accepter d’être heureux)… C’est tellement plus facile, sans risque, d’être malheureux (sauf si l’on est malade bien sûr !)

(enfin un espace où je vais pouvoir parler à quelqu’un de ça sans jugement – manquerait plus que ça -!)

Marcool

Réinventons notre vie !

Un matin de mes 33 ans, partant au bureau en ajustant ma cravate, je décidai d’être bi.
🙂
J’embrassai mon épouse,mes enfants et je fonçai en direction de mon bureau.
Et c’est là que tout dérapa.
Merde il fallait que j’invente tout !
Merde c’était pas prévu au programme.
Je cherchai partout le bon bouquin sur comment vivre sa vie de famille tout en vivant sa vie d’homme bi et j’en trouvai pas de bon.
En fait ça n’existait pas…
Donc me promenant dans une grotte un jour que je gardais les moutons, la voix me dit:
 » Réinvente ta vie puisque personne ne l’a vécue à ta place !  »
Putain, géante la voie !
Alors c’est ce que je fis.
M’embarquant sur cette voix, je décidai de rester moi-même et de VIVRE !
Une épouse que j’aime, des enfants que j’élève et des amis ou des amants avec qui je partage des moments de vie.
Pas grand-chose changea de ce fait si ce n’est une grande énergie qui m’envahit pour vivre à fond tous les moments de ma vie, dans le respect, l’amour, la liberté et mon poing dans la gueule de ceux qui viennent me marcher sur les pieds d’une manière irrespectueuse.
Ma vie ne ressemble pas, à celle de mes voisins bien que là aussi j’en sais pas plus sur eux qu’ils n’en savent sur moi…
🙂
Un coup de pied dans les étoiles
Pas grave

JM

Diversité, facettes, joie érotique

La bisexualité que je vis me semble présenter un merveilleux avantage : elle déploie dans le moment érotique toutes mes facettes « féminines » et « masculines », d’autant plus que je peux la partager avec un ou plusieurs êtres de sensibilité bisexuelle… hommes ou femmes se sentant tour à tour l’un ou l’autre ou les deux… étonnant jeu de miroirs et de figures infinies où se perdre, se retrouver, se découvrir… Aventure de soi ? vers l’autre, vers les autres , vers « l’autre en soi » pour plagier Daniel Welzer Lang… Ma joie érotique est évolutive et si diverse que mon bonheur peut se contenter d’un duo serré hétéro autant que d’un trio homo, d’un duo lesbien autant que d’un trio varié… Chacun faisant jouer une ou plusieurs de ses facettes, en pratique ou en fantasme, dit, murmuré ou pensé, deviné, rêvé, suscité…

Ma vie « bi » : tout y est possible, infiniment, érotiquement, tous les voyages, toutes les découvertes, toute les ententes, tous les poèmes… La vie en double, en triple, en quadruple, la vie en duo, la vie en solo, Eros est là, il joue, il jouit, il grandit, l’amour est là, dans l’écoute de l’autre, de son murmure, de son désir…
On m’objecte  » mais tu te disperses et ne sais plus qui tu es !  »
Savoir se perdre, avoir envie de perdre, de donner, c’est se retrouver merveilleusement…

Vision idéalisée de la bisexualité ? Je n’évoque que la mienne, elle est magnifique, généreuse et épanouie: du mal à croire à ces discours exaltés’ l’exaltation, c’est ma vie. La patience aussi.
Parlons d’érotisme aussi et pas que de « condition » (humaine… L’humaine condition…), de jeu, de je, de tu et de vous, et pas qu’en général, de solution et pas que de problèmes, de partage et pas que de jalousie… respirons un autre air, que diable, respirons, jouissons, agissons…

Charlotte

Eurêka !

La bisexualité… Pendant très longtemps, je ne savais même pas que cela existait… Je me savais depuis longtemps attiré par des garçons, sans pour autant passer à l’acte… Il est vrai que j’étais très pris par le sport de haut niveau et que mes relations sexuelles passaient après… Je m’ennuyais beaucoup lors de mes rares sorties en boite, jusqu’au jour ou je suis entré dans une école photo… J’ai découvert que tout le monde, filles ou garçons étaient homo ou lesbienne quand ils n’étaient pas à voile et à vapeur… Lors de nos sorties tardives en groupe, j’avais sous les yeux le modèle de personnes sympas et complètement débridées… Un certain soir, j’ai franchi le Rubicon et nous avons fait l’amour à trois… et je me suis aperçu que j’aimais les garçons sans avoir envie de me passer des filles… le pas était franchi et je n’ai plus jamais arrêté… quelle honte diraient certains s’ils savaient ça !

Jojo migrateur

Statistiques

Moi, après avoir mis un temps fou à accepter l’idée que je puisse être lesbienne, étant régulièrement et violemment attirée par des femmes, sans avoir néanmoins jamais concrétisé, je viens de réaliser que j’étais décidément toujours aussi capable d’être attirée par un homme, même si c’est un genre d’attirance très différent (mais plus facile à concrétiser).

Je suis bi ! Voilà, c’est tout !

Du coup, j’ai fait des statistiques, à partir de toutes les personnes qui m’ont attirée depuis mes 13 ans ça fait 40% de mecs, 60% de nanas. C’est comme ça depuis 20 ans, je suis donc homo à 60%, hétéro à 40%, et tant pis pour ceux qui aimeraient me mettre dans une catégorie !

Tant mieux pour nous qui avons le monde entier à aimer !

Et puis au fond, pour tous les autres aspects de l’existence, j’ai une vision duale du monde, alors…

Zab

Hétérote ? Lesbienne ? Bi ?

Je ne sais pas ce que je veux ! peut-être tout ! ou rien…

Après des premières expériences tant avec homme que femme involontaires et trop jeune, je ne sais pas faire la différence entre « l’acquis et l’inné ». Depuis toujours je me sens ambiguë. Mes désirs vont dépendre de mon humeur du moment. En ce qui concerne une relation « momentanée » je suis bi avec une légère préférence pour les hommes. Le foutoir se fait sentir lorsqu’il s’agit de relation amoureuse un tantinet suivie! Depuis ma rupture avec mon ex(mec) il y a 2 ans, (un bi qui n’a jamais voulu se l’avouer !), j’ai essayé volontairement pour la première fois avec une fille, j’y ai pris du plaisir. Ai-je bien fait ? en bref quand je dépasse 15 jours avec un mec j’ai plus de désir pour lui, pareil pour les filles. Est-ce faute de sentiments’ pourtant certaines ruptures m’ont fait souffrir. De plus on ne peux pas dire que ce soit une situation évidente : certes, en période de célibat on a plus de choix, mais dans une relation installée, c’est moins évident. je suis casée avec un mec adorable depuis quelques mois, j’ai joué la carte de l’honnêteté. Il réagit pas trop mal. le seul problème c’est que je ne sais toujours pas ce que je veux pour autant !

J’aspire juste à avoir une sexualité épanouie, quelle qu’elle soit.

PLC

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