Bi’Cause (la lettre d’information) n°4 – Hiver 1997 printemps 1998

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Bi’Cause lettre information hiver 97 n°4

Sommaire :

Articles :

  • Conférence internationale sur la bisexualité
  • Cineffable : le cheval de Troie bi investit la place par Catherine Deschamps
  • Joyeux anniversaire ! par Elisabeth Mathé
  • Gay and lesbian studies : où l’on parle peu de bisexualité par Catherine Deschamps
  • Colloque: familles gays et lesbiennes en Europe par Clô

Bi-furcations (témoignages) :

  • Bicome (D.H.)
  • Juin 97 : l’Eurobide ! (Clô)

Conférence Internationale sur la Bisexualité. Du 3 au 5 avril 1998, Boston, USA. – Par Anne

Sous le thème : « Un monde, plusieurs visages : unité et diversité dans les communautés bi, queer, et le monde », l’université d’Harvard accueille la cinquième édition d’une conférence organisée tous les deux ans dans une ville différente.

Sponsorisé (entre autres) par le Harvard Lesbian, Bisexual end Gay Graduate Students, le Bisexual RressourceCenter, BiNet USA et le Boston Bisexual Women’s Network, ces trois jours verront se dérouler plus de 100 présentations, lectures, ateliers, débats.

Des sujets qui abordent l’activisme, la jeunesse, la vision des médias, l’histoire du mouvement bisexuel, le sida, les familles, les couples, la spiritualité, le féminisme… seront traités par des spécialistes comme Liz Heighleyman, Paula Rust ou Wayne Roberts.

Des représentants des groupes bi du monde entier (Australie, Costa Rica, Argentine, Brésil, Finlande…) vont faire le déplacement pour témoigner de la diversité de la bisexualité et mettre en commun leurs connaissances et réflexions.

Aujourd’hui, deux ans après la conférence de Berlin, les bisexuel/les français et francophones seront représentés grâce à Bi’Cause et Vogay (en Suisse).

Deux ans, c’est le temps qu’il nous aura fallu pour commencer à organiser un réseau, voir naître une prise de conscience, une réflexion et enfin, apercevoir un début de rassemblement autour d’une « identité » trop longtemps laissée dans l’ombre.

Bi’Cause ira à Boston et vous rapportera ses découvertes, ses réflexions et une énergie que seuls les rassemblements de ce genre peuvent procurer.

A bientôt…


Cineffable : le cheval de Troie bi investit la place – Par Catherine Deschamps

Toujours dans la catégorie « nous sommes partout », Cineffable, lors du 9ème festival de films lesbiens (29 octobre au 2 novembre dernier), a invité les filles de Bi’Cause à assister à la projection d’un film sur la bisexualité (Mom, I think I am…) et à animer un débat autour de l’identité et du « coming out » bi. Le film traitait de la double « sortie du placard » d’une fille anciennement lesbienne – dont la mère également est lesbienne -, alors qu’un homme entre dans sa vie sexuelle et affective.

Quelques bonnes questions étaient posées dans ce court-métrage, qui ont été autant de pistes pour la discussion qui s’en est suivie. Un esprit bon-enfant, gentiment naïf et ouvert, prévalait lors de ce débat, qui promettait pourtant d’être houleux au pays de la non-mixité.

Ce type de rencontre permet incontestablement davantage de proximité et de compréhension entre les unes et les autres. Comble de démultiplication, Sandrine Pache, responsable de l’association bi VOGAY de Lausanne est venue nous rejoindre à la tribune. Ce jour-là, la bisexualité avait une envergure internationale !


Joyeux anniversaire ! – Par Elisabeth Mathé

Le 7 novembre a eu lieu au C.G.L., dans le cadre du Vendredi des Femmes, un débat sur la bisexualité. Cette réunion, qui répondait à celle qui s’était déroulée deux ans auparavant, s’est révélée plus ouverte.

Les questions abordées par les lesbiennes donnaient le sentiment que ces dernières, loin de nier la bisexualité ou de la réfuter, s’interrogeaient simplement sur ce qu’elle était, et sur comment les bisexuelles et leurs partenaires la vivaient. Que de chemin parcouru en deux ans de temps !


Gay and Lesbian Studies : où l’on parle peu de bisexualité. – Par Catherine Deschamps

En juin dernier, Europride oblige, les colloques et autres rencontres se sont multipliés. Ils ont été parfois le lieu d’une discussion, furtive ou plus approfondie, sur la bisexualité.

Ainsi, le colloque de Beaubourg « Gay and Lesbian studies », organisé par Didier Eribon et Patrick Mauriès, du 23 au 27 juin 1997, a fait l’objet d’une manifestation biphobe. Alors que la présidente de Bi’Cause évoquait les liens des bisexuels avec les militants queer, une grande partie de l’assemblée a ri du simple fait qu’elle se disait bisexuelle et discriminée en tant que telle. La réaction des auditeurs est sans doute tout à fait révélatrice des efforts qui restent à fournir de compréhension et d’appréciation mutuelles !

Notons toutefois que ce colloque a permis un questionnement sur la construction sociale et culturelle des sexualités dans leur ensemble, et qu’à ce titre il doit être vu aussi comme un support à des interrogations nous concernant. C’était par ailleurs un plaisir de rencontrer des sociologues ou historiens tels que Eve Kosovsky Sedgwick, David Halperin ou Leo Bersani… Même si parfois les mythes se sont effrités, nous faisant préférer de plus jeunes chercheurs et militants comme Michael Lucey ou Sharon Marcus (présents également).

Un des séminaires Q., organisés par le Zoo, a également fait l’objet d’un échange sur la bisexualité (le 7/6/97). Le thème du débat portait sur « Queer Politiks » et y intervenaient des membres de Bi’Cause. Les rapprochements politiques et stratégiques entre trans, bi et queer ont été abordés à cette occasion. Ces types d’échanges méritent à mon avis d’être poursuivis… Et les liens renforcés…


Colloque : Familles gays et lesbiennes en Europe : un panorama des droits et discriminations. – Par Clô

Durant l’Europride, à Paris, en juin 1997, s’est déroulé un colloque sur le thème : « Familles gays et lesbiennes en Europe » à l’initiative de l’A.P.G.L.. On notait la présence de Madame PAILLER, députée européenne, ainsi que de nombreux intervenants européens, juristes, psychologues, écrivains et sociologues… Une sorte d’état des lieux européen a été fait ainsi que les questions psychologiques et sociologiques qui en découlent. Force est de reconnaître que l’Europe reste frileuse même si certains pays (Danemark, Belgique, Pays-Bas) se veulent plus libéraux quant aux couples homosexuels : fisc, héritages, retraite… Les cas les plus favorables sont l’insémination artificielle par un donneur anonyme, l’adoption possible par une seule personne (dans ces deux derniers cas, le second élément du couple n’a aucun droit légal sur l’enfant).

L’Europe reste très conservatrice et attachée aux droits du sang. Seule, l’Espagne, dans la province de Valence, offre la possibilité d’adoption par un couple homosexuel. Le tour d’horizon psychologique, sur d’éventuels problèmes chez les enfants élevés par un couple d’homosexuels est unanime : si la situation est dite clairement, s’il n’y a pas de zones secrètes, l’enfant ne présente pas de problème de genre, ni de troubles d’identité sexuelle… et pas plus de difficultés psychologiques qu’un enfant élevé par un couple hétérosexuel. L’idée de « bon parent » n’est pas liée au choix sexuel d’un des parents.

Du point de vue sociologique, si l’Union Européenne s’accorde à considérer des nouveaux modèles de familles : éclatées, monoparentales, reconstituées, les mentalités sont encore très imprégnées du modèle parental hétérosexuel.

Selon R. Neuburger, psychothérapeute familial, il y a toujours confusion entre famille et triangulation (père-mère-enfant); la validation sociale passe encore par le modèle du « couple hétéro ». De plus, chaque adulte doit être au clair par rapport à sa propre histoire pour expliciter les choses à l’enfant car « c’est la Parole qui crée la filiation plus que la biologie ».

Un problème supplémentaire vient des grands-parents qui doivent avoir accepté l’homosexualité de leur enfant pour accepter secondairement l’enfant de ce couple homosexuel.

Pour terminer, Madame Shultz, juriste à AIDES, confirme la volonté de la justice à maintenir les liens biologiques à tout prix. Malgré quelques cas de garde d’enfants par un parent homosexuel, la justice fait souvent des interprétations restrictives des textes. La justice n’est pas toujours juste et les recours au Parlement Européen se heurtent aux mêmes résistances. Au sein de ce Parlement, Madame Pailler œuvre contre les discriminations et pour les libertés publiques : un des dangers vient de l’extrême droite très « famille-patrie ».

Il serait nécessaire d’unifier les lois pour faire évoluer la Société et faire peu à peu changer les mentalités.

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